Fortis : les actionnaires opposés à BNP se révoltent

[28/04/2009 12:35:58] GAND, Belgique (AFP)

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és à la vente de Fortis à la BNP, le 28 avril 2009 à Gand lors de l’AG de Fortis Holding (Photo : Eric Vidal)

Une fronde des actionnaires opposés à BNP Paribas perturbait sérieusement mardi une assemblée générale censée décider si le groupe français peut oui ou non racheter la plus grande banque belge, Fortis Banque.

L’avocat Mischaël Modrikamen, fer de lance des opposants à BNP, réclamait vers 11h00 GMT l’ajournement de l’assemblée, acclamé par la plupart des 3.300 actionnaires de l’ancienne maison mère de la banque, Fortis Holding, réunis à Gand (nord).

Le désordre était tel qu’un peu auparavant, l’assemblée avait due être provisoirement suspendue.

A la demande de Mischaël Modrikamen, un gros groupe d’actionnaires s’étaient en effet levés et approchés de l’estrade où siégeaient les dirigeants en scandant “Démission!”, “Vendus!” ou “Démocratie!”.

Certains actionnaires leur ont même lancé des documents, obligeant l’avocat à appeler à “pas de jets d’objets”, tandis que le président de l’assemblée réclamait l’intervention de la police.

Me Modrikamen conteste la validité des droits de vote accordés à plusieurs millions de titres détenus selon lui par des fonds spéculatifs entrés récemment au capital de Fortis Holding, ex maison mère de Fortis Banque, et qu’il soupçonne d’être pilotés par BNP.

Ces “nouveaux amis plus exotiques les uns que les autres” ne sont pas officiellement liés à BNP, a noté Me Modrikamen.

Mais le troisième actionnaire de Fortis Holding est désormais “un fonds des îles Caïmans” dont le directeur général est “un ancien inspecteur des finances français, conseiller de (l’ancien Premier ministre Dominique) de Villepin”, a-t-il dénoncé.

“Ces actionnaires qui risquent de faire pencher la balance en direction de BNP sont probablement les mêmes hedge funds qui ont poussé Fortis dans la tourmente” en 2008, a aussi accusé un autre partisan du “non”, Pierre Nothomb, du cabinet de conseil aux actionnaires Deminor.

Faute d’avoir pu faire annuler ces droits de vote par la Cour d’appel de Bruxelles, qui a estimé lundi matin en référé que leur plainte était irrecevable, les avocats veulent que les actionnaires se prononcent.

A la reprise de l’assemblée, le président du directoire de Fortis Holding, Jozef de Mey, a néanmoins estimé qu’il n’y avait “pas lieu de soumettre cette question au vote de l’assemblée”, provoquant de nouvelles huées.

Le projet de vente de Fortis Banque à BNP avait été lancé en octobre sur fond de crise financière et est depuis contesté par des actionnaires qui s’estiment floués.

Le bancassureur Fortis (devenu aujourd’hui Fortis Holding), fleuron de la finance belgo-néerlandaise, avait été durement frappé par la crise. Les Etats, appelés à son secours, avaient orchestré son démantèlement.

La justice belge a déjà accordé aux actionnaires de se prononcer sur ce démantèlement: ils ont voté contre le 11 février à Bruxelles, à une courte majorité, forçant l’Etat belge à renégocier avec BNP.

La dernière mouture de l’accord, censée être soumise aux votes des actionnaires mardi, reste contestée par beaucoup d’actionnaires.

Certains d’entre eux, rassemblés autour de Me Modrikamen et de Deminor, ont présenté la semaine dernière un “plan B” qui permettrait à la banque de faire cavalier seul.

Ils jouent sur l’argument national en faisant valoir que la Belgique a déjà laissé trop de grands groupes se faire racheter par des étrangers.

“Il n’y a qu’en Belgique qu’on vend ses fleurons pour une bouchée de pain”, a encore dénoncé mardi Me Modrikamen. “Fortis est la vente de trop”, a insisté Pierre Nothomb.

“Le peuple belge est debout”, a aussi déclaré un autre représentant d’actionnaires. “Nous sommes belges, pas français.”