L’impossible chasse aux contrefaçons sur eBay

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ège de Paris, le 30 juin 2008 (Photo : Jacques Demarthon)

[28/04/2009 13:54:28] DREILINDEN (AFP) Le site de vente aux enchères eBay, fixé mercredi en France sur une plainte pour contrefaçon du géant des cosmétiques L’Oréal, dit avoir mis en place un arsenal anti-faussaires, sans garantie avec sept millions d’objets en vente quotidiennement.

“La difficulté sur eBay est que l’on ne peut pas voir un sac à main, l’ouvrir pour voir si toutes les étiquettes sont à leur place, vérifier son odeur”, déplore Wolfgang Weber, chef du service de lutte contre la cybercriminalité chez eBay pour l’Europe, installée à Dreilinden, au sud de Berlin.

Toutes les transactions réalisées sur le site du groupe américain se font à distance, entre le vendeur et l’acheteur: aucun article ne passe par ses locaux.

Derrière leur écran d’ordinateur, les limiers d’eBay doivent compter sur un logiciel qui sélectionne parmi le flot d’annonces les transactions “douteuses”: volumes de vente inhabituels, pays de provenance “à risque”, notamment.

A cela s’ajoutent les signalements fournis par les utilisateurs eux-mêmes, ou par les 31.000 marques qui collaborent avec eBay.

Les employés éliminent ensuite une par une les annonces “manifestement illégales” – sur la base de critères tenus secrets pour “ne pas éduquer les fraudeurs”, explique Catherine Brel, d’eBay France.

Mais les faussaires “ont appris à changer” et à tromper la surveillance d’eBay: auparavant, ils “écrivaient clairement qu’ils vendaient des faux. Aujourd’hui, ils cherchent à tromper le consommateur” et sont donc plus difficiles à repérer, explique Wolfgang Weber. “Ils utilisent même des vendeurs qui ne savent pas qu’ils vendent du faux”.

Autre difficulté, eBay refuse de filtrer l’ensemble des annonces avant leur mise en ligne. Un produit contrefait mis en vente pendant que les bureaux d’eBay sont vides, un soir par exemple, pourra rester plusieurs heures sur le site, et être vendu sans inquiétude.

Pour préserver “la confiance” sur sa plate-forme, eBay sanctionne les utilisateurs qui vendent des produits contrefaits: 30.000 comptes ont été suspendus en 2008.

La société dit aussi collaborer avec la justice, qui peut délivrer une réquisition sur des cas repérés par eBay. Elle fournit ensuite les données personnelles du vendeur aux autorités.

Plus de 500 cas ont ainsi été reportés aux autorités en 2008, “plus de 300 individus arrêtés, pour une valeur de biens frauduleux de 29 millions d’euros.

Au total, 2.000 personnes sont mobilisées contre la cybercriminalité, selon eBay. Mais à côté de la chasse aux articles interdits (armes, pornographie…), la contrefaçon n’est qu’une “infime partie” de leur travail, concède M. Weber.

eBay dit dépenser “plusieurs dizaines de millions d’euros par an” dans la lutte anti-contrefaçon, pour un chiffre d’affaires du groupe de 8,5 milliards de dollars en 2008.

Malgré cette stratégie, les procès se sont multipliés. Le site a été condamné début juillet par la justice française à verser plus de 38 millions d’euros au leader mondial du luxe LVMH à la suite de ventes de sacs, parfums et vêtements contrefaits. Il a fait appel.

Il en a en revanche remporté certains, notamment aux Etats-Unis et en août en Belgique contre L’Oréal, où la justice a estimé qu’il n’avait “pas une obligation de surveiller de manière systématique” ce qui était vendu sur son site.

Le tribunal de grande instance de Paris doit rendre sa décision mercredi dans le volet français de cette affaire.