Rapport Davos sur l’éducation entrepreneuriale (1) : Préparer nos futurs entrepreneurs dès le primaire ?

Longtemps assimilée à de la génération spontanée, et laissée,
de ce fait, au hasard, des parcours individuels, la formation des nouveaux
entrepreneurs se veut de plus en plus un acte volontaire, donc bien préparé et
mené de manière scientifique, voire quasi industrielle. C’est un petit peu là la
vision qui sous-tend le dernier rapport du «Forum Economique Mondial» intitulé
«éduquer la nouvelle vague d’entrepreneurs».

Partant du postulat qu’il y a «un entrepreneur qui sommeille en chacun de
nous», les auteurs de ce rapport ont l’ambition d’aider à «débloquer les
capacités entrepreneuriales afin de relever les défis globaux du 21ème
siècle».

Se référant à des enquêtes menées dans divers milieux culturels, le document
réitère que «le potentiel entrepreneurial est en nous tous» et que les
jeunes en particulier «couvent de fortes bien que latentes tendances» dans
ce domaine. Toutefois, l’extériorisation de ce potentiel qui ne demande qu’à
exploser bute contre un énorme obstacle : l’éducation.

En effet, d’après les auteurs du rapport, «les structures et la manière de
dispenser l’éducation de masse contrarient souvent, et dans la plupart des
pays, l’impulsion entrepreneuriale des jeunes». Mais c’est seulement depuis
deux décennies que «des pays aux quatre coins du monde ont commencé à
reconnaître l’échec de leurs systèmes à éduquer les jeunes à créer, et non
simplement à répondre aux opportunités économiques», constate le rapport.

Plus grave encore est le phénomène de l’abandon scolaire qui affecte «un
nombre désastreusement élevé d’étudiants, avec les problèmes sociaux et
économiques qui en découlent».

Cette situation est-elle réversible ? En tout cas, les auteurs du rapport ne
sont pas loin de le penser, qui ont perçu une «faim pour identifier,
analyser et mettre en œuvre des pratiques permettant au système éducatif de
favoriser l’entrepreneuriat dès les premières étapes de l’éducation d’un
individu». Pour apprendre aux individus «à prendre la responsabilité de
leurs avenirs», le rapport propose que chaque système scolaire assure une
formation entrepreneuriale. Et pour rendre cela possible, les auteurs
pensent que «le changement doit d’abord se produire dans les systèmes
publics d’éducation et de développement des jeunes»; raison pour laquelle
ils déclarent adresser leurs recommandations aux décideurs politiques.

A ces derniers, il est notamment demandé de favoriser la croissance d’un
«écosystème entrepreneurial (…) libérant les aptitudes créatives innées des
jeunes» et constituant, de ce fait, «la meilleure base pour une croissance
économique durable et équitable».

Poussant le bouchon plus loin, le rapport va jusqu’à décréter «un droit des
jeunes à une éducation entrepreuneuriale», car «chaque individu a le droit
d’être exposé aux concepts de propriété, à la possibilité d’y accéder, et à
la pensée créatrice de richesses». Une manière pour l’individu de s’auto-réaliser
tout en contribuant au «bien commun», l’entrepreneuriat étant «un moyen pour
les jeunes de bâtir des valeurs pour les autres» et «de renforcer le
bien-être social».

Toutefois, avertit le rapport, personne d’autre ne doit s’approprier la
nouvelle valeur créée, car elle appartient au créateur.