Société Générale : Bouton démissionne après une série de scandales

[29/04/2009 17:05:11] PARIS (AFP)

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ésident du groupe Société Générale, Daniel Bouton, lors d’une conférence de presse à la Défense, le 24 janvier 2008 (Photo : Martin Bureau)

En sursis depuis l’affaire Kerviel et le scandale de ses stocks-options, le président de la Société Générale, , a démissionné, espérant mettre fin à la tourmente dans laquelle est plongée la banque depuis .

“Je suis devenu la cible d’attaques incessantes qui finissent par nuire à cette entreprise”, explique dans un entretien au Figaro celui dont le nom est associé à une série de polémiques et dont le président Sarkozy avait implicitement réclamé la démission l’an dernier.

“Je fais le choix de m’en aller maintenant pour protéger” la Société Générale, troisième banque française en termes de capitalisation boursière, assure M. Bouton, à sa tête depuis 1997.

M. Bouton, dont les émoluments ont défrayé la chronique, admet toutefois “une erreur: celle de ne pas avoir refusé” les stock-options qui lui avaient été attribuées. Et fait également amende honorable pour les investissements de la banque dans des produits risqués.

Il ne percevra, dit-il, aucune indemnité de départ. Mais il aura droit, à partir de 2010, à une retraite de 730.000 euros par an.

Son successeur sera désigné le 6 mai, sans doute parmi les administrateurs de la banque.

Le nom de Jean-Martin Folz, ex-patron de PSA et président du comité des rémunérations, est notamment cité, bien qu’il ait été indirectement éclaboussé par le scandale des stock-options.

Une autre possibilité serait de confier la présidence à Frédéric Oudéa, l’actuel directeur général.

Daniel Bouton, “en démissionnant, protège l’image de la banque, des clients, des employés”, a jugé le ministre du Budget Eric Woerth, tandis que le porte-parole du gouvernement Luc Châtel qualifiait son départ de “non-événement”.

Selon la CFDT, qui souhaitait la démission de M. Bouton, ce départ devrait “ramener de la sérénité parmi le personnel”. Mais pour la CGT, il risque de constituer un “signal” pour les autres banques “qui voudraient mettre la main” sur la Société Générale.

Après la découverte de l’affaire Kerviel, le trader qui a fait perdre 4,9 milliards d’euros à la banque en se livrant à des opérations non autorisées, Daniel Bouton avait déjà présenté à deux reprises sa démission à son conseil d’administration. Mais celui-ci l’avait refusée, malgré les critiques sur l’insuffisance des contrôles au sein de la Société Générale et les déclarations de M. Sarkozy appelant M. Bouton à “s’interroger sur sa responsabilité”.

Conseil et salariés défendaient son maintien en disant qu’un capitaine ne quitte pas un navire en pleine tempête. La crainte était aussi que BNP Paribas, en embuscade depuis son OPA manquée en 1999, n’en profite.

M. Bouton avait toutefois fait monter à la direction générale Frédéric Oudéa, ne gardant que la présidence du groupe.

La banque connaît alors une accalmie, parvenant à dégager un bénéfice de 2 milliards d’euros au titre de 2008.

Mais l’annonce début 2009 de l’octroi de stock-options à ses dirigeants suscite une nouvelle levée de boucliers, y compris parmi ses clients. Et elle entame sérieusement le crédit dont M. Bouton jouissait auprès de ses 163.000 salariés.

Face au tollé, il finit par y renoncer, mais le mal est fait.

D’autant que la banque reconnaît que M. Bouton aura droit à une retraite de 730.000 euros par an. “Ca commence à faire beaucoup”, résume Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP.

Dernière estocade: Libération affirme lundi qu’une filiale de la Générale a perdu 5 à 10 milliards d’euros dans des investissements hasardeux.

La banque reconnaît une perte de 1,2 milliard d’euros, mais fait valoir qu’elle l’avait déjà passée dans ses comptes.

A la Bourse de Paris mercredi à la mi-journée, le titre augmentait de 1,22%, à 36,55 euros, moins toutefois que les autres valeurs bancaires.