[29/04/2009 18:28:31] WASHINGTON (AFP)
à Miami, le 27 janvier 2009 (Photo : Joe Raedle) |
L’économie américaine a continué de se contracter fortement au premier trimestre, quoique légèrement moins qu’au trimestre précédent, ce qui devrait contraindre la Réserve fédérale à maintenir en place son impressionnant arsenal de mesures anti-crise.
Selon la première estimation du département du Commerce publiée mercredi, le produit intérieur brut des Etats-Unis a chuté de 6,1% en rythme annuel au premier trimestre, plombé par un nouvel effondrement de l’investissement, d’une ampleur sans pareille depuis plus de 60 ans.
L’activité de la première puissance économique mondiale s’était déjà contractée de 6,3% au quatrième trimestre 2008 et de 0,5% au troisième.
Les chiffres du premier trimestre, qui seront révisés par deux fois dans les semaines à venir, sont encore pires que ne le redoutaient les analystes, qui tablaient sur une baisse de 4,7%.
La Réserve fédérale, qui aura eu connaissance de ces chiffres au moment de décider des orientations de sa politique monétaire, ne devrait donc pas relâcher ses efforts massifs de soutien à l’économie. Elle devrait rendre publique sa décision vers 14H15 locale (18H15 GMT).
Le moment serait mal choisi pour baisser la garde, estime Frederic Dickson, analyste de DA Davidson, pour qui les chiffres du PIB montrent que “l’économie n’a pas encore tourné la page” de la récession.
L’économie américaine n’avait plus enregistré trois trimestres consécutifs de recul depuis 1974-1975, mais certains éléments du rapport du ministère du Commerce ont suscité l’optimisme à Wall Street, qui veut croire que le pire est passé.
Ainsi, les dépenses de consommation des ménages: après deux trimestres de chute, elles ont progressé de 2,2% en rythme annuel, soit leur plus forte hausse depuis le premier trimestre 2007, faisant gagner 1,50 point de croissance au pays.
Cette amélioration est une “lueur d’espoir évidente” et “laisse penser que la consommation pourrait être sur la voie du rebond”, estime Millan Mulraine, analyste de TD Securities.
ège de la Fed et de son président, Ben Bernanke, à Washington le 9 avril 2009 (Photo : Karen Bleier) |
En temps normal, la consommation des ménages assure plus des deux tiers de la croissance américaine, et sa reprise est donc primordiale. Si rien n’assure pour l’instant que sa hausse devrait continuer au printemps, elle devrait bénéficier du soutien du plan de relance budgétaire promulgué mi-février, dont les réductions d’impôts commencent à bénéficier aux ménages.
Comme au trimestre précédent, le gros point noir de l’économie américaine au cours des trois mois d’hiver a été l’investissement, qui a fait perdre au total 8,83 points de croissance au pays.
L’investissement des entreprises et des ménages (dans le logement) a chuté de 37,9% en rythme annuel, du jamais vu depuis la première publication des chiffres du PIB sous leur forme actuelle en 1947.
A cela s’ajoutent les déstockages des entreprises, comptabilisés comme un investissement négatif: ils ont fait perdre 2,79 points de pourcentage au PIB, mais cette purge des stocks est une étape nécessaire pour permettre à l’économie de mieux repartir.
“Quand la demande repartira, les entreprises devront augmenter rapidement leur production pour s’y adapter” ce qui stimulera la croissance, rappelle Augustine Faucher, de Moody’s Economy.com.
Plusieurs analystes estiment que les déstockages devraient continuer au deuxième trimestre, mais à un rythme moins rapide, ce qui aura un effet positif sur le PIB.
Compte tenu de l’effet combiné du plan de relance, Marie-Pierre Ripert, économiste de Natixis, pense même que les Etats-Unis pourraient renouer avec une croissance “légèrement positive” au printemps, alors que la Fed et le Fonds monétaire international ne s’attendent à voir les Etats-Unis renouer avec la croissance qu’en 2010.