Chez Chrysler, les ouvriers redoutent l’avenir après le dépôt de bilan

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ée pour des ouvriers de l’usine de camions Chrysler, dans le Michigan, le 28 avril 2009 (Photo : Bill Pugliano)

[03/05/2009 09:20:23] WARREN (AFP) L’ambiance est sinistre à Warren, Michigan (nord) où les ouvriers déconcertés de l’usine Chrysler se demandent comment ils vont survivre au dépôt de bilan du constructeur automobile.

C’est la fin d’une ère pour ces cols-bleus qui travaillaient dans l’automobile de père en fils.

La fermeture de l’usine programmée et son emploi en sursis, Kent Fowler soupire. Un jour à peine que Chrysler s’est placé sous la protection de la loi sur les faillites et sa vie a déjà changé. En quinze ans, c’était vendredi son premier jour au chômage technique. Son seul espoir: que Chrysler sorte de son dépôt de bilan au terme des 30 à 60 jours qui lui sont impartis, notamment via l’alliance avec Fiat.

“Il faut penser positif”, dit Kent Fowler, représentant du syndicat UAW (United Auto Workers) à l’usine de moteurs de Trenton. “C’est tout ce que nous pouvons faire aujourd’hui”.

Aux termes d’un plan annoncé jeudi par le président américain Barack Obama, Chrysler va déposer son bilan pour éponger une partie de ses dettes et permettre la création d’une nouvelle entreprise alliée à l’italien Fiat, afin de remettre le groupe de Detroit sur la voie de la rentabilité.

Le constructeur a dit qu’il ne prévoyait pas de suppressions d’emplois supplémentaires ou de fermeture d’usines, mais la plupart de ses sites seront à l’arrêt pendant la période de transition.

Les ouvriers, eux, redoutent que le processus ne soit pas aussi facile.

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à Warren, dans le Michigan, le 30 avril 2009 (Photo : Bill Pugliano)

Les salles du syndicat n’ont pas désempli vendredi. Nombre d’employés inquiets avaient trouvé portes closes la veille devant leurs usines de la région de Detroit.

Certains équipementiers, préoccupés par la dette et les factures non honorées de Chrysler, n’avaient pas envoyé les pièces détachées dans les usines, forçant les ouvriers à rentrer chez eux plus tôt que prévu.

D’après Steve Waskul, opérateur à l’usine de camions à Warren, tous sont encore sous le choc.

“Quand on a fini le dernier camion, tout le monde était sonné, en colère”, a déclaré Waskul à l’AFP. “On se demandait tous si on allait pouvoir revenir au boulot”.

“Ca me rend malade”, a-t-il expliqué, “je ne suis pas à plaindre, j’ai simplement un remboursement d’emprunt immobilier et j’ai encore des économies, mais je me fais du souci pour tous ces gens qui ont leur famille à nourrir”.

La famille de Steve Waskul travaille dans l’automobile depuis 1932, date à laquelle son grand-père a rejoint General Motors. Lui travaille pour Chrysler depuis 12 ans.

“C’est la fin d’une génération, c’est évident. Je suis heureux qu’aucun de mes enfants ne travaille dans l’industrie”, dit-il.

Même situation pour la famille de Kent Fowler, dont la femme travaillait pour Chrysler avant d’être licenciée il y a deux ans.

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és quittent l’usine de camions de Chrysler à Warren, dans le Michigan, le 30 avril 2009 (Photo : Bill Pugliano)

“J’ai peur pour ma famille et j’ai peur pour mon boulot”, dit-il. “Je leur ai donné 15 ans de ma vie et je ne veux pas partir”.

Il dit se sentir trahi par les Américains qui devraient selon lui soutenir les constructeurs automobiles comme Chrysler en ces temps de crise.

“Ca ne me gêne pas de prendre des coups quand il s’agit de sauver le métier de quelqu’un d’autre”, lance-t-il.

Virginia Herring, qui a récemment pris sa retraite après 35 ans chez Chrysler, se dit triste de voir l’entreprise qu’elle aime contrainte de déposer le bilan.

Mais elle croit en Obama, en Chrysler et en sa main d’oeuvre. Elle est convaincue que le constructeur s’en sortira.

“Ils faut qu’ils fassent ce qu’ils ont à faire. C’est nécessaire à la survie. Mais nous nous relèverons”, lance-t-elle.