L’Etat a demandé à Areva d’étudier la cession de sa filiale T&D

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éaire français Areva (Photo : Jean-Pierre Clatot)

[04/05/2009 10:09:48] PARIS (AFP) L’Etat a demandé à Areva d’étudier la cession de sa filiale T&D, spécialisée dans la transmission et la distribution d’électricité, lors du dernier conseil de surveillance du groupe nucléaire public, a-t-on appris de source proche du dossier, confirmant une information des Echos.

“Areva a besoin de 2,7 milliards d’euros d’ici à fin juin pour financer ses investissements mais l’Etat actionnaire ne veut pas lui donner un centime”, a expliqué cette personne, qui a requis l’anonymat.

“Dès lors, il a donné 3 semaines à Areva pour étudier la vente de la filiale T&D”, a-t-elle ajouté.

Contacté par l’AFP, Areva n’a pas souhaité faire de commentaire.

La présidente d’Areva, Anne Lauvergeon, s’est toujours opposée à une telle éventualité. Elle avait seulement évoqué la possibilité de céder des “actifs non stratégiques”, ce qui n’est pas le cas de T&D.

Areva possède des participations minoritaires dans le capital du groupe pétrolier Total, du fournisseur d’énergie GDF Suez, du fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics, du groupe d’aéronautique et de défense Safran et du groupe minier Eramet.

“La seule vente des participations minoritaires d’Areva ne suffirait pas à financer ses investissements”, a-t-on cependant remarqué de source proche du dossier.

Le groupe d’Anne Lauvergeon plaidait pour une augmentation de son capital, afin de trouver des financements additionnels. L’émission d’obligations aurait été aussi évoquée en interne, selon la même source.

Le groupe industriel Alstom a récemment fait part de son intérêt pour la filiale transmission et distribution d’Areva, qu’il avait dû céder au groupe nucléaire en 2004 afin de pouvoir bénéficier du sauvetage de l’Etat.

“Si cette activité était à vendre, nous serions clairement intéressés par son acquisition dans le cadre d’un véritable projet industriel”, avait alors indiqué un porte-parole.

Le conglomérat électrique américain General Electric aurait lui aussi un oeil sur le dossier, et le groupe français Schneider Electric aurait “déjà manifesté son intérêt”, indique Les Echos de lundi, en s’appuyant sur “des sources proches de l’Etat”.

T&D, qui assure plus de 40% du chiffre d’affaires et la moitié du résultat opérationnel d’Areva, est estimée “entre 3 et 5 milliards d’euros”, selon Les Echos.

Pour les analystes de CM-CIC Securities, un prix de 3,5 milliards d’euros parait “approprié”.

A la Bourse de Paris, le titre Areva prenait 4,75% à 400,16 euros vers 11H35.

De source syndicale, on indique qu’Alstom serait déjà en train d’étudier sérieusement le rachat de T&D.

“Nous avons appris par nos camarades allemands que l’éventualité de voir T&D rejoindre le giron d’Alstom avait été évoquée dans les comités d’Alstom”, a confié Alain Roumier, coordinateur CGT d’Areva.

Selon le syndicaliste, vendre T&D serait une “fausse bonne méthode” pour renflouer le groupe public. “Cela permettrait de passer le cap de l’année 2009 mais, sur le long terme, l’entreprise en serait fragilisée”.

“On a une entreprise qui fonctionne bien, qui crée des emplois et on est en train de la couler”, a aussi réagi Jocelyne Chenet, de la CFDT d’Areva.

Selon Mme Chenet, les syndicats européens d’Areva s’apprêtent à publier une “lettre ouverte” au Président de la République et devraient appeler à une manifestation le 18 mai à Paris.