Après Chrysler, Fiat vise Opel pour créer un géant de l’automobile

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Les logos des constructeurs automobiles Fiat et Opel (Photo : Thomas Lohnes)

[04/05/2009 10:35:22] MILAN, Italie (AFP) L’alliance avec l’américain Chrysler à peine finalisée, l’italien Fiat veut s’emparer d’Opel afin de donner naissance à un des premiers groupes automobile mondiaux et présente lundi son projet au gouvernement allemand.

Son patron Sergio Marchionne doit discuter lundi à Berlin avec Karl-Theodor zu Guttenberg, ministre de l’Economie, et Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères, ainsi qu’avec le chef du comité d’entreprise d’Opel, Klaus Franz, de son plan de reprise du constructeur allemand, filiale de l’américain en grande difficulté General Motors.

Mais l’affaire ne sera pas simple. En Allemagne, le dossier est sensible, Opel y employant près de 26.000 personnes, et nombre de responsables politiques et syndicaux sont hostiles à l’italien, lui préférant le canadien Magna.

Fiat souhaite mettre la main plus globalement sur toutes les activités européennes de GM, ce qui inclut également le suédois Saab et le britannique Vauxhall.

L’idée de Fiat est de créer une nouvelle société qui regrouperait sa branche automobile (marques Fiat, Lancia et Alfa Romeo), la part qu’il va détenir dans Chrysler et les activités européennes de GM et de l’introduire en Bourse, a-t-il indiqué dans un communiqué.

Fiat possède par ailleurs Ferrari, Maserati, CNH (machines agricoles et engins de construction) et Iveco (camions et bus).

Cette fusion ferait naître un groupe au chiffre d’affaires d’environ 80 milliards d’euros et qui produirait 6 à 7 millions de véhicules par an, soit l’un des premiers mondiaux du secteur derrière le numéro un, le japonais Toyota, et à peu près au même niveau que l’allemand Volkswagen.

“D’un point de vue technique et industriel, c’est un mariage parfait”, a déclaré lundi au Financial Times M. Marchionne, qui espère finaliser l’opération d’ici la fin mai et introduire en Bourse le nouvel ensemble d’ici la fin de l’été.

Ce rapprochement, qui permettrait des économies d’un milliard d’euros par an, plaisait au marché et vers 12H00 (10H00 GMT), le titre Fiat bondissait à Milan de 6,72% à 8,02 euros.

La famille Agnelli, qui détient le tiers du capital de Fiat, verrait sa part diluée après la constitution de ce nouveau groupe, qui pourrait s’appeler Fiat/Opel selon le Financial Times et dont GM devrait être un actionnaire minoritaire.

Fiat et Opel ont déjà été alliés de 2000 à 2005, à l’époque du partenariat entre l’italien et GM en Europe et en Amérique latine, et avaient développé ensemble une plate-forme commune pour la Grande Punto et la Corsa.

Cette alliance s’était terminée par un échec et a laissé de mauvais souvenirs en Allemagne. GM avait versé 1,5 milliard d’euros à Fiat pour éviter de devoir lui racheter comme convenu sa branche automobile, alors dans un état moribond.

Depuis Fiat s’est redressé de façon spectaculaire sous la férule de Sergio Marchionne et veut profiter de la crise pour s’imposer dans le paysage automobile, alors qu’il est aujourd’hui un poids moyen du secteur avec une production de 2,15 millions de véhicules en 2008.

Selon M. Marchionne, la crise a changé radicalement la donne dans l’automobile et il ne restera après que six groupes capables de produire au moins 5,5 à 6 millions de véhicules par an.

Premier pas de cette stratégie, Fiat a finalisé jeudi son alliance avec Chrysler. En échange de l’accès de ce dernier à sa technologie, Fiat détiendra une part de 20% après la procédure de dépôt de bilan et pourra monter à 35%, avant d’en prendre éventuellement le contrôle à partir de 2013.