Après Chrysler, Fiat vise Opel pour créer un géant de l’automobile

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ès son entretien avec le ministre allemand de l’Economie, à Berlin (Photo : John Macdougall)

[04/05/2009 16:54:22] BERLIN (AFP) L’alliance avec l’américain Chrysler à peine conclue, l’italien Fiat veut s’emparer du constructeur Opel afin de donner naissance à l’un des premiers groupes automobiles mondiaux et a présenté lundi son projet à Berlin, sans vraiment convaincre.

Son patron, Sergio Marchionne, a discuté avec le ministre de l’Economie, Karl-Theodor zu Guttenberg, et le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, de son plan de reprise de la marque allemande, filiale de l’américain en détresse General Motors.

M. Guttenberg a annoncé à l’issue de l’entretien que Fiat comptait garder trois des quatre usines d’Opel en Allemagne, et révélé que “Fiat voulait réaliser (la reprise d’Opel) sans contracter de dettes”, mais pourrait solliciter des garanties d’Etat.

Le ministre conservateur a qualifié le projet italien d'”intéressant” mais a averti que Berlin ne déciderait pas dans la précipitation, rappelant par ailleurs que l’équipementier canadien Magna avait aussi manifesté son intérêt pour Opel.

L’affaire est loin d’être gagnée pour Fiat. En Allemagne, le dossier est sensible car Opel y emploie près de 26.000 personnes, et le projet italien suscite beaucoup de défiance, à gauche notamment.

Le social-démocrate Steinmeier a martelé dans un communiqué après sa rencontre avec le patron de Fiat que “l’objectif ultime était le maintien de tous les sites d’Opel en Allemagne.”

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étrangères, Frank-Walter Steinmeier, le 4 mai 2009 dans une usine Opel à Eisenach (Photo : Jens-Ulrich Koch)

Le ministre de l’Economie du Land de Rhénanie-Palatinat, Hendrik Hering, où se trouve l’usine potentiellement menacée de Kaiserslautern et ses 3.000 emplois, a qualifié d'”inacceptable” le projet de Fiat.

La crainte se propage jusqu’en Italie: la CGIL, le syndicat le plus important chez Fiat, a demandé lundi des garanties sur le maintien des usines dans le pays.

Seule la Bourse de Milan saluait sans arrière-pensée les grandes ambitions de Fiat: le titre a fini la journée sur un bond de 8,05% à 8,12 euros, dans un marché en hausse de 3,21%.

Fiat souhaite mettre la main plus globalement sur toutes les activités européennes de GM, ce qui inclut également le suédois Saab et le britannique Vauxhall.

L’idée de Fiat est de créer une nouvelle société qui regrouperait sa branche automobile (marques Fiat, Lancia et Alfa Romeo) ainsi que la part qu’il va détenir dans Chrysler et les activités européennes de GM, et d’introduire le tout en Bourse.

Cette fusion ferait naître un groupe au chiffre d’affaires d’environ 80 milliards d’euros et produisant 6 à 7 millions de véhicules par an, soit l’un des premiers mondiaux du secteur derrière le numéro un, le japonais Toyota, et rivalisant avec l’allemand Volkswagen.

M. Marchionne espère finaliser l’opération d’ici à la fin mai et introduire en Bourse le nouvel ensemble d’ici à la fin de l’été.

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ésentation des groupes italien Fiat et canadien Magna, rivaux pour reprendre l’allemand Opel

La famille Agnelli, qui détient le tiers du capital de Fiat, verrait sa part diluée après la constitution de ce nouveau groupe, qui pourrait s’appeler Fiat/Opel, et dont GM devrait être actionnaire minoritaire.

Fiat et Opel ont déjà été alliés de 2000 à 2005, à l’époque du partenariat entre l’italien et GM en Europe et en Amérique latine, et avaient mis au point ensemble une plateforme commune pour la Grande Punto et la Corsa.

Cette alliance s’était soldée par un échec et a laissé de mauvais souvenirs. GM avait versé 1,5 milliard d’euros à Fiat pour éviter de devoir lui acheter comme convenu sa branche automobile, alors dans un état moribond.

Depuis, Fiat s’est redressé de façon spectaculaire et veut profiter de la crise pour s’imposer dans le paysage automobile. Fiat est considéré aujourd’hui comme un poids moyen avec une production de 2,15 millions de véhicules en 2008.

Premier pas dans cette stratégie, Fiat a finalisé jeudi son alliance avec Chrysler. En échange de l’accès de ce dernier à sa technologie, Fiat détiendra une part de 20% après la procédure de dépôt de bilan et pourra monter à 35%, avant d’en prendre éventuellement le contrôle à partir de 2013.