Télécoms : les renseignements inquiets de devoir dire le prix à chaque appel

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ératrices de la société 118 000, filiale de Telegate France, à Amiens (Photo : Francois Lo Presti)

[06/05/2009 17:26:43] PARIS (AFP) Plusieurs services de renseignements téléphoniques se sont inquiétés mercredi du projet gouvernemental d’annoncer leurs tarifs au début de chaque appel qu’ils reçoivent, une mesure qui s’inscrit dans une refonte globale des tarifs des numéros surtaxés pour les rendre plus clairs.

“Les gens veulent des services rapides et efficaces et, comme les tarifs sont compliqués et changent d’un opérateur à l’autre, l’annonce prendrait au moins 15 secondes, sur un appel qui dure en moyenne 50 secondes”, a déclaré à l’AFP Bruno Massiet du Biest, directeur général du 118 218 (société Le Numéro), leader du marché avec 55% des appels selon lui.

Les tarifs des 118 sont différents selon que l’on appelle d’un fixe, d’un mobile ou d’une “box” internet, et même d’un opérateur mobile à l’autre ou si l’on a un forfait ou une carte prépayée.

M. Massiet du Biest, qui affirme que l’arrêté sur ce sujet est “prévu en juin”, dit s’exprimer au nom de l’association ADRT (Association du développement des renseignements pour tous), qui regroupe, outre le 118 218, le 118 008 (PagesJaunes) et le 118 000 (Telegate).

Selon lui, les pays ayant adopté cette mesure, l’Italie et l’Autriche, ont vu les appels aux renseignements téléphoniques baisser drastiquement, de 25 à 30% en moyenne, la longueur du message décourageant les consommateurs.

“Sur notre activité, ce serait la mort”, a-t-il estimé, rappelant que les 118 “ne sont pas maîtres de la structure des tarifs”.

Ouverts à la concurrence depuis fin 2005, les renseignements téléphoniques voient régulièrement leur activité s’éroder: au dernier trimestre 2008, ils ont reçu 29 millions d’appels, soit 3,8 millions de moins qu’un an plus tôt, pour un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros, en baisse de 2,6%.

Interrogé par l’AFP, le cabinet du secrétaire d’Etat à l’Industrie Luc Chatel, pilote du projet, a expliqué que cette mesure s’insère dans “une réforme du système de tarification” des numéros surtaxés.

L’idée est de facturer séparément à l’utilisateur le coût de l’appel (qui serait notamment inclus dans les forfaits mobiles) et le coût du service.

Une réforme sur laquelle la Fédération française des télécoms (FFT), qui regroupe les opérateurs du secteur, planche depuis le début de l’année: “nous avons mis en place des groupes de travail, sur les aspects techniques, juridiques et économiques”, explique Yves Le Mouël, directeur général de la FFT.

L’ensemble du secteur des numéros surtaxés représente selon lui un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros, que se partagent les opérateurs, les éditeurs, les entreprises utilisant ces numéros… Compte tenu de la complexité du nouveau système à mettre en oeuvre, la réforme ne pourrait donc aboutir “avant l’horizon 2010-2011”, selon M. Le Mouël.

La FFT proposera néanmoins la semaine prochaine, dans un courrier au gouvernement, plusieurs solutions de court terme: “nous allons dans le sens de la demande des ministres”, Luc Chatel et le secrétaire d’Etat au Budget Eric Woerth, même s'”il y a encore des réticences”, a indiqué M. Le Mouël.

Les deux ministres avaient écrit aux opérateurs le 11 mars, demandant notamment d’inclure les numéros verts (0 800) et à tarif local (0 810) dans les forfaits et d’améliorer l’information des utilisateurs sur les tarifs.