Face aux candidats au rachat, le Club Med verrouille son actionnariat

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à Paris, le 27 avril 2009 (Photo : Stéphane de Sakutin)

[06/05/2009 17:32:06] PARIS (AFP) Le Club Med renforce son actionnariat avec le retour d’un investisseur de poids historique, la Caisse des dépôts, qui pourrait souscrire à une augmentation de capital au moment où le groupe est au centre de spéculations sur son éventuel rachat par Bernard Tapie.

Soucieux d’envoyer un signal fort aux marchés et de renforcer ses fonds propres, le Club Med a annoncé mercredi son intention de lever 102 millions d’euros via une augmentation de capital et une émission d’obligations.

Une manoeuvre qui a été interprétée par certains analystes comme une parade anti-OPA: “Cette opération est peut-être faite pour mettre des bâtons dans les roues de Tapie parce que la mariée va être plus grosse à épouser”, a commenté à l’AFP Frédéric Rozier, gérant d’actions chez Meeschaert Gestion Privée.

Bernard Tapie a aussitôt fait savoir à l’AFP qu’il n’avait “sûrement pas” l’intention de souscrire à l’augmentation du capital.

“Je n’ai aucune action Club Med à l’heure actuelle et suis strictement étranger à cette augmentation de capital”, a-t-il insisté. Mais il ne semble rien exclure et compte dévoiler “ses intentions” concernant le groupe “dans un mois et demi”.

Le titre s’était envolé fin avril, sur des rumeurs d’un rachat par Bernard Tapie, ce que l’homme d’affaires avait d’abord démenti avant de reconnaître que le dossier était “séduisant”.

Fragilisé par la crise qui frappe l’ensemble du marché touristique, le Club Med ne pèse plus que 251 millions d’euros en Bourse, de quoi attiser les appétits d’éventuels investisseurs. D’autant que le capital est quelque peu dispersé depuis l’expiration du pacte d’actionnaires en juin 2008.

Si le groupe hôtelier Accor est depuis libre de vendre sa participation de 6% et attend le moment opportun, les autres membres du pacte, la Caisse de dépôt et de gestion du Maroc (10,7% du capital) et Air France-KLM (2%) ont juré fidélité et se sont engagés à participer à la levée de fonds.

La Caisse des dépôts, bras financier de l’Etat qui avait vendu en 2004 sa participation dans le Club Med à Accor, fait un retour remarqué. Elle s’est engagée à souscrire, sous certaines conditions, aux actions nouvelles qui n’auraient pas été souscrites, à hauteur de 20 millions d’euros.

Cette intervention se fait “sur la base d’un nouveau projet industriel” qui doit permettre de faire face à la conjoncture difficile et au “déséquilibre du bilan”, a-t-on commenté à la CDC. Mais la Caisse n’a “pas vocation à être fortement présente” au capital.

Selon le Journal du dimanche, la CDC fait partie des institutions financières qui se sont mobilisées pour éviter une entrée de Bernard Tapie dans le capital.

L’homme d’affaires s’est d’ailleurs dit “surpris” que la Caisse des dépôts participe à l’opération, à un moment où de nombreuses entreprises françaises “n’ont pas assez d’argent”. Pour lui, le retour de la CDC a pour objet de “permettre à Henri Giscard d’Estaing de garder sa place” de PDG.

Autre banque ayant apporté sa garantie à l’augmentation du capital, le Crédit Agricole compte souscrire à hauteur de 10 millions d’euros.

L’augmentation du capital “est une mesure nécessaire qui améliore la situation financière du Club Med, mais le groupe reste sous pression, avec des craintes sur les réservations d’été”, a expliqué à l’AFP un analyste.

Les réservations pour la saison d’été sont en baisse de 17,2%, selon les chiffres publiés mercredi.

Un indicateur que Bernard Tapie compte scruter à la loupe pour “voir l’étendue des dégâts” avant de prendre une décision sur un éventuel rachat du Club Med.