[07/05/2009 10:46:02] FRANCFORT (AFP)
Les logos de Porsche et Volkswagen (Photo : Schaadfoto) |
Le premier constructeur européen Volkswagen et le spécialiste des voitures de sport Porsche ont annoncé mercredi vouloir fusionner pour créer un nouveau géant allemand de l’automobile.
Plus tôt dans la journée, les membres de la famille Porsche, qui contrôlent la marque du même nom et détiennent déjà 51% de Volkswagen, s’étaient réunis pour une réunion de crise à Salzbourg, en Autriche.
Suite à des “discussions intensives” menées entre les directions de Porsche et Volkswagen, la famille s’est “prononcée en faveur de la constitution d’un groupe automobile intégré”, selon un communiqué diffusé par Porsche en Allemagne.
L’annonce a aussitôt été saluée dans un communiqué séparé par Volkswagen: “Volkswagen salue la décision des représentants de la famille Porsche et Piëch”, nom de l’autre branche de la famille.
Un groupe de travail entre les deux entreprises va être créé, associant l’Etat régional de Basse-Saxe (nord) et les représentants des salariés. Car si Porsche est de très loin le premier actionnaire de Volkswagen, le Land où se situe le siège du premier constructeur européen détient environ 20% du capital.
Et, en vertu d’une loi spécifiquement élaborée dans les années 1960 pour Volkswagen et remaniée depuis par le gouvernement allemand, les pouvoirs publics détiennent ainsi un droit de veto sur les décisions stratégiques du groupe.
“Nous sommes prêts aux discussions qui doivent être menées rapidement avec tous les participants de Porsche, Volkswagen, les représentants des salariés et le Land”, a commenté dans un communiqué Christian Wulff, le président conservateur de l’Etat régional.
Volkswagen est aussi le symbole de la cogestion à l’allemande, une entreprise où les syndicats ont un pouvoir important et sont associés à certaines décisions dans le cadre notamment du conseil de surveillance.
Porsche doit donc discuter avec l’ensemble de ces composantes pour façonner le géant de l’automobile que le futur groupe constituerait et dont les grandes lignes n’ont pas encore été annoncées.
Le groupe de travail devra présenter une proposition de structuration d’ici quatre semaines.
Seule certitude, d’après le communiqué de Porsche: le groupe rassemblera les dix marques – soit les neuf qui sont déjà sous la coupe de Volkswagen, avec notamment VW, Skoda, Audi et Seat, et la marque Porsche – mais chacune conservera une “existence propre”.
L’annonce de la famille Porsche était attendue depuis plusieurs jours. Porsche, qui a lancé le rachat par étapes de Volkswagen à l’automne 2005, s’est très fortement endetté et, sous le coup de la crise, sa situation financière était devenue intenable, incapable de monter à 75% du capital comme il l’avait promis cette année.
Porsche était donc contraint de trouver une porte de sortie, sous peine de voir échouer, tout près du but, une des plus grosses opérations de fusion de ces dernières années.
Concrètement, plusieurs scénarios de rapprochement sont désormais possibles. La presse allemande avait évoqué récemment l’hypothèse d’un rachat des activités automobiles de Porsche par Volkswagen – le tout restant contrôlé par la famille. Mais ce scénario a été démenti dimanche dernier par Wolfgang Porsche, un de ses membres éminents.
Porsche pourrait choisir d’augmenter le capital de la future société pour y faire entrer de nouveaux actionnaires. Le premier ministre du Qatar, Abdallah bin Khalifa Al Thani, a récemment confirmé dans la presse qatarie qu’il négociait pour prendre une participation dans Porsche.
“C’est encore tôt… Il y a encore des négociations”, avait-il déclaré.
Il faudra aussi décider de la future direction du grand groupe. Selon la presse, le patron de Porsche, Wendelin Wiedeking, peu apprécié par les salariés de Volkswagen, pourrait perdre sa place. Et laisser la main libre à l’actuel patron de VW, Martin Winterkorn.