La tête de France Télécom promise en 2011 à un proche de Sarkozy

[07/05/2009 14:50:11] PARIS (AFP)

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élécom Didier Lombard, le 4 mars 2009 à Paris (Photo : Eric Piermont)

Le processus de succession en 2011 à la tête de France Télécom s’est enclenché jeudi avec l’annonce de l’arrivée dans le groupe du directeur de cabinet de la ministre de l’Economie Christine Lagarde, , une nomination susceptible de créer la controverse.

M. Richard rejoindra “l’équipe de direction générale du groupe France Télécom”, dont l’Etat détient encore 26,7%, “au cours du second semestre 2009”, a confirmé à l’AFP un porte-parole de l’opérateur, assurant que l’actuel PDG “se réjouit de cette perspective”.

Selon Les Echos, M. Richard deviendra d’abord, au 1er janvier 2010, directeur général délégué en charge de l’international, avant de remplacer M. Lombard en 2011, lorsque son mandat arrivera à échéance.

De source proche du dossier, c’est M. Lombard lui-même qui aurait lancé ce processus pour trouver son successeur, après la parution ces dernières semaines dans la presse de noms de possibles remplaçants à son poste, notamment Jacques Veyrat, ancien patron du fournisseur d’accès internet Neuf Cegetel (devenu SFR).

En interne, aucun de ses lieutenants, dont les fonctions ont été remaniées début mars, n’est jamais apparu comme un dauphin désigné.

La surprise vient du profil de M. Richard qui, s’il a été administrateur de France Télécom de 2002 à 2007, n’est pas ingénieur télécoms, au contraire de M. Lombard, qui avait pris la tête du groupe en février 2005.

Stéphane Richard, énarque de 47 ans qui a notamment travaillé à la Compagnie Générale des Eaux et à Veolia Environnement, était régulièrement pressenti, depuis deux ans, pour prendre la direction d’une grande entreprise publique: la RATP, la SNCF, La Poste ou, plus récemment, EDF.

Ce qui peut également créer la controverse, c’est le passage d’un haut fonctionnaire du public au privé, quelques semaines seulement après la polémique suscitée par la nomination de François Pérol, ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée, à la tête du groupe Caisse d’Epargne-Banque Populaire.

Il est reproché à M. Pérol de ne pas avoir demandé l’avis de la Commission de déontologie avant de prendre ses nouvelles fonctions.

Stéphane Richard, également considéré comme un proche du président Nicolas Sarkozy, a pris les devants: “je confirme avoir saisi la Commission de déontologie en vue de rejoindre l’équipe dirigeante du groupe France Télécom”, a-t-il dit mercredi à l’AFP.

Chargée de donner son avis lors du transfert d’un haut fonctionnaire vers le privé, celle-ci devrait l’auditionner mercredi et se prononcer dans la foulée, selon Les Echos.

Le député PS de l’Essonne Manuel Valls a déjà dénoncé, sur France Inter, “un mélange des genres”. “C’est pas nouveau dans notre pays, entre le pouvoir politique, les hauts fonctionnaires, les grandes industries publiques et privées”, a-t-il dit.

Il a demandé que “la Commission de déontologie se prononce en toute indépendance” sur la nomination de Stéphane Richard, rappelant que cette commission “a été humiliée dans l’affaire Pérol”.

Sixième entreprise du CAC 40 par sa capitalisation boursière, France Télécom a réalisé en 2008 un chiffre d’affaires de 53,5 milliards d’euros.

Présent dans le fixe, le mobile et l’internet, l’opérateur, qui doit être rebaptisé Orange d’ici 2012, s’est redressé sous la présidence de Didier Lombard, réduisant sa dette de moitié, au prix de 16.000 suppressions d’emplois entre 2006 et 2008.