ération escargot sur le périphérique de Lille, le 23 novembre 2004. (Photo : Philippe Huguen) |
[07/05/2009 11:00:22] PARIS (AFP) Les transporteurs routiers français, dont beaucoup ont mis la clé sous la porte depuis le début de la crise, s’alarment de l’autorisation donnée à sept nouveaux pays européens de transporter des marchandises dans l’Hexagone, une concurrence qui tombe selon eux au plus mal.
Les transporteurs de Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Estonie, Lettonie et Lituanie peuvent en effet, depuis le 1er mai, “caboter”, c’est-à-dire effectuer de manière limitée du transport de marchandises à l’intérieur d’un pays de l’Union européenne, sans y être établis.
“Dans un contexte de crise gravissime, avec une offre qui excède de beaucoup la demande, rajouter de l’offre va certainement entraîner une chute des prix, augmenter les défaillances et favoriser le recours à la sous-traitance”, craint Nicolas Paulissen, de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR).
Cet élargissement du cabotage “va impacter directement la compétitivité des entreprises françaises en ouvrant le marché à des entreprises qui ont des coûts d’exploitation de 20 à 30% moindre”, juge aussi Catherine Pons, présidente de l’Unostra, qui représente les PME du transport routier. Il aurait fallu, à ses yeux, repousser cette mesure “d’un ou deux ans”, “le temps de sortir du marasme économique actuel”.
Les transporteurs, déjà fragilisés par la hausse du carburant, ont pris de plein fouet l’an dernier l’effondrement de la production industrielle.
Selon une étude d’Euler Hermès, il y eut en 2008 1.250 défaillances d’entreprises dans le secteur, soit une hausse de 30% par rapport à 2007.
Au premier trimestre 2009, la FNTR estime à 65% la hausse du nombre de dépôts de bilan et elle s’attend à un deuxième trimestre “encore plus catastrophique”.
Elle accuse le gouvernement d’avoir trop tardé à réclamer la “clause de sauvegarde”, qui suspendrait pendant six mois l’élargissement du cabotage.
Au ministère des Transports, on justifie ce délai par le fait que les transporteurs “sollicités sur la question ont répondu au compte-gouttes” et que “tous n’y étaient pas favorables”.
Philippe Grillot, président de la Fédération des entreprises de transports et de logistique de France (TLF), concède qu'”au vu des volumes actuels, la part du gâteau va être encore plus petite” avec l’élargissement du cabotage, mais relativise son impact: “le cabotage représente 2,6% du marché intérieur. Même s’il augmentait de 3%, cela resterait limité.
Le cabotage des transporteurs de l’UE est actuellement autorisé en France 30 jours consécutivement ou 45 jours sur une période de douze mois pour un même véhicule.
“Une entreprise étrangère très organisée peut effectuer des rotations et être présente sur le marché en permanence”, prévient Nicolas Paulissen.
Un amendement en cours d’examen au Parlement prévoit d’ailleurs de ne plus autoriser le cabotage qu’à raison de trois opérations en sept jours, après un transport international.
Mais il y a un “problème au niveau des contrôles”, estime TLF.
Les contrôles “sont efficaces sur les entreprises françaises, mais beaucoup moins sur les autres à cause de la barrière de la langue”, renchérit l’Unostra.
Le gouvernement promet le recrutement de 50 nouveaux contrôleurs. Il met également en avant la publication récente d’un décret doublant le montant des sanctions et la création en avril d’une observatoire national du cabotage, chargé d’effectuer des relevés chaque mois.
Selon la FNTR, en 2007, 6% du cabotage en France était effectué par des entreprises polonaises, plus d’un an avant que cette pratique ne leur soit autorisée.