[07/05/2009 18:18:05] FRANCFORT, Allemagne (AFP)
ésident de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, le 7 mai 2009 à Francfort (Photo : Martin Oeser) |
La BCE a fait preuve jeudi d’une certaine audace en décidant d’abaisser son principal taux au niveau inédit de 1% et surtout en annonçant un programme d’achat d’obligations afin de stimuler l’économie.
Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne a décidé de réduire pour la septième fois depuis octobre le principal taux directeur, qui sert de baromètre du crédit dans la zone euro. Comme attendu, l’ampleur de la baisse est d’un quart de point et, depuis le début du cycle, de 3,25 points de pourcentage.
Si le niveau des taux est désormais “approprié” dans la conjoncture actuelle, le fond n’est pas forcément atteint. “Nous n’avons pas décidé aujourd’hui que le nouveau niveau du taux principal de refinancement était le plus bas niveau”, a déclaré le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, au cours d’une conférence de presse.
M. Trichet n’aime pas s’engager à l’avance, en particulier dans un contexte économique aussi volatile. Le premier trimestre s’est avéré plus mauvais que prévu en mars dernier, quand l’institution a publié ses prévisions économiques.
En conséquence, ces dernières devraient être révisées “significativement” à la baisse en juin, et s’aligner sur celles de la Commission européenne notamment, qui a récemment prédit une chute de 4% du Produit intérieur brut de la zone euro en 2009 et une poursuite de la récession en 2010.
Néanmoins, l’Allemagne a apporté ce jeudi une lueur d’espoir, a-t-il souligné. La hausse inattendue des commandes industrielles en mars, pour la première fois depuis six mois, est venue confirmer les signes d’une amélioration de la conjoncture annoncée depuis plusieurs mois par les indicateurs de confiance.
La nouvelle baisse de taux n’a pas surpris les experts, au contraire de l’annonce d’un programme d’achat d’obligations sécurisées en euros pour un volume de 60 milliards d’euros.
Même si elle n’acquiert pas d’obligations d’Etat, la BCE emprunte malgré tout une voie similaire à celle choisie par la Réserve fédérale américaine ou la Banque d’Angleterre, qui a d’ailleurs annoncé jeudi un élargissement de son programme de rachat d’actifs de 50 milliards pour le porter à 125 milliards de livres Sterling.
Principaux taux directeurs dans le monde |
Les modalités techniques de ces achats seront dévoilées après la prochaine réunion du 4 juin, a précisé le président de la BCE. Ce type d’obligation, très répandues en Espagne et en Allemagne (Pfandbriefe), sont couvertes par des crédits hypothécaires ou des créances du secteur public et sont considérées comme sûres.
Le volume envisagé, plutôt modeste, montre que l’intention première n’est pas d’imprimer massivement de la monnaie, souligne Jörg Krämer, chef économiste à la Commerzbank. La BCE veut “avant tout soutenir un marché dont la liquidité a particulièrement souffert de la crise financière”, explique-t-il.
Elle reste ainsi fidèle à sa stratégie de venir en aide en priorité aux banques, principaux vecteurs de financement dans la zone euro. C’est pourquoi elle a aussi annoncé le lancement le 23 juin d’opérations de refinancement d’une maturité d’un an et l’accès de la Banque européenne d’investissement (BEI), le bras financier de l’Union européenne, aux appels d’offres de la BCE au même titre que les banques commerciales.
L’achat d’obligations sécurisées est présenté par la BCE davantage comme un soutien au crédit que des mesures d’assouplissement quantitatif classiques.
Mais “c’est un pas qu’il convient de saluer”, réagit Aurelio Maccario, économiste chez UniCredit. Et il pourrait ouvrir la voie à de vraies mesures d’assouplissement quantitatif cet été, si “les perspectives pour l’inflation devenaient plus négatives”, en clair si les menaces de déflation devenaient plus aiguës, estime Julian Callow de Barclays Capital.