Les déboires de l’automobile américaine aiguisent l’appétit de constructeurs rivaux

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éhicules neufs Général Motors sur le site de Lake Orion, dans le Michigan, le 23 avril 2009 (Photo : Bill Pugliano)

[07/05/2009 16:03:57] WASHINGTON (AFP) Les déboires des géants automobiles américains General Motors et Chrysler aiguisent l’appétit de constructeurs européens et asiatiques et pourraient ouvrir la voie à une recomposition mondiale du secteur.

Chrysler, qui a déposé son bilan la semaine dernière, espère ainsi rebondir grâce au partenariat conclu avec Fiat, qui prévoit une entrée du constructeur italien à son capital en échange d’un accès à sa technologie.

Il pourrait de surcroît se voir obligé de céder certaines de ses marques: “Minivans, Jeep, Dodge sont des actifs qui peuvent potentiellement changer de propriétaire (…) Jeep peut de toute évidence séduire des constructeurs étrangers”, estime Himanshu Patel, analyste chez JP Morgan.

De son côté, General Motors, sommé de mettre en place d’ici au 1er juin les conditions d’un retour à la rentabilité, va se séparer d’une partie de ses filiales, et notamment de sa marque américaine Saturn, qui fait selon le groupe l’objet de nombreuses “offres sérieuses”.

“Son réseau très important de concessionnaires peut constituer une manière efficace de pénétrer efficacement le marché américain”, observe Philippe Barrier, analyste de la Société Générale.

D’après le Wall Street Journal, le français Renault serait notamment en discussions avec GM, nourrissant le projet de vendre ses propres voitures aux Etats-Unis sous la marque Saturn.

Fiat figure aussi au rang des repreneurs potentiels des filiales européennes de GM — l’allemand Opel, le suédois Saab et le britannique Vauxhall.

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érence de presse à Turin (Italie), le 27 mars 2009 (Photo : Damien Meyer)

Le patron du groupe italien Sergio Marchionne en est persuadé: la crise a changé radicalement la donne dans l’automobile et il ne restera bientôt que six groupes capables de produire au moins 5,5 à 6 millions de véhicules par an.

Le projet avoué de Fiat serait de créer une société regroupant sa branche automobile, la part qu’il va détenir dans Chrysler et les activités européennes de GM, donnant naissance à un mastodonte comptant parmi les premiers mondiaux du secteur.

“Une alliance avec Opel, bien que complexe à mettre en oeuvre, permettrait d’atteindre l’objectif de taille critique visé, mais Fiat a-t-il les moyens financiers et humains de mener de front deux alliances (avec Opel et Chrysler) nécessitant des restructurations et réorganisations en profondeur ?”, s’interrogent dans une note les analystes de Natixis Securities.

“Fiat possèdera uniquement une large présence dans des marchés anciens et mûrs où il est déjà présent et sera pratiquement absent des marchés progressant le plus fortement ailleurs dans le monde”, renchérit de son côté Douglas McIntyre, analyste du site américain 247WallSt.

Selon des sources industrielles, M. Marchionne désirerait toutefois racheter les activités sud-américaines de GM. Mais le constructeur américain ne serait prêt à les céder que contre une participation de 30% dans le groupe italien, affirme le New York Times.

Nombreuses sont les offres rivales susceptibles de contrarier les ambitions de Fiat: l’équipementier canadien Magna dit réfléchir à une offre sur Opel, que convoiteraient également, selon le Financial Times, plusieurs fonds souverains.

Par ailleurs, pas moins de douze repreneurs potentiels auraient manifesté leur intérêt pour Saab. Parmi eux, selon le Wall Street Journal, le chinois Geely aurait déjà déposé une offre, ce qui traduirait son intention, à l’image de l’indien Tata, de percer sur les marchés occidentaux.

En dépit de la multiplicité de ces marques d’intérêt concurrentes, “de telles acquisitions sont beaucoup moins évidentes qu’il n’y paraît”, avertit Philippe Barrier.

“Mettre en place des synergies réelles entre Etats-Unis, Europe et Asie est très onéreux. On peut réaliser des économies sur la recherche, mais les coûts de production, avec les distances, peuvent être multipliés par deux”, explique-t-il.