RBS se garde de tout optimisme déplacé malgré des signes de fin de crise

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à Londres, le 7 avril 2009 (Photo : Shaun Curry)

[08/05/2009 14:33:30] LONDRES (AFP) La banque britannique Royal Bank of Scotland, la plus abîmée du pays par la crise et détenue à 70,3% par l’Etat, a annoncé vendredi des pertes trimestrielles moins profondes que redouté, mais son patron a mis en garde contre tout optimisme excessif sur une sortie de crise rapide.

La banque a annoncé une perte nette de 857 millions de livres (961 millions d’euros) au premier trimestre achevé le 31 mars, dues en particulier à des dépréciations d’actifs encore massives (2,069 milliards de livres) et à des charges d’impayés en très forte hausse : 2,858 milliards de livres après 656 millions au premier trimestre 2008.

Les économistes n’ont pas été surpris par ces chiffres, “probablement aussi bons que RBS pouvait l’espérer” a noté Simon Adamson de CreditSights, “meilleurs que redouté” pour Mark Phin du cabinet Keef, Bruyette & Woods.

Mais la direction de la banque, entièrement renouvelée depuis le départ de l’ancien directeur général Fred Goodwin, figure de la crise la plus honnie au Royaume-Uni, a tenu a se montrer réaliste.

Parmi les éléments positifs, RBS a enregistré une hausse de 3% du nombre de comptes courants au Royaume-Uni, de 15% des livrets d’épargne et de 5% des polices d’assurances qu’elle possède.

Mais les charges d’impayés représentent désormais 1,33% des prêts contre 0,91% sur l’ensemble de 2008, et RBS a prévenu qu’il fallait s’attendre à une multiplication “au moins par quatre” sur l’année, soit plus de 11 milliards de livres.

De même, le nouveau directeur général Stephen Hester a prévenu qu’il serait “téméraire” de penser que la bonne performance de la division d’investissement allait se reproduire.

Il a remarqué aussi que “malheureusement”, les suppressions d’emplois dans le groupe étaient loin d’être finies. RBS a déjà récemment annoncé la suppression de 11.700 emplois.

Il a noté que “certains commentateurs commençaient à parler de reprise économique, mais nous restons prudents et nous continuons à gérer notre activité en pensant que 2009 et 2010 seront des années très difficiles”, a-t-il ajouté, avant d’indiquer qu’il était “très important que les gens ne se laissent pas emporter à court terme par un excès d’optimisme, au moins en ce qui nous concerne”.

Pour le groupe, M. Hester a considéré que le retour à la bonne santé n’était pas à envisager “dans plusieurs mois, mais dans plusieurs années”.

RBS avait enregistré en 2008 la pire perte de l’histoire britannique, avec 24,1 milliards de livres, le plus gros étant dû à une dépréciation d’actifs après le rachat trop cher payé d’ABN Amro en 2007, sous le règne de M. Goodwin.

Bien que les propos de M. Hester ne soient guère optimistes, le cabinet Charles Stanley les a trouvés “sombres et réalistes, mais de manière rafraîchissante”. Ils n’ont pas été sanctionnés en tout cas à la Bourse de Londres, où Royal Bank of Scotland a gagné plus de 13% le plus clair de la journée.

M. Hester a souligné aussi la réaction positive des marchés au résultat des tests de résistance des banques américaines. “Le principal élément que nous lisons dans cette réaction est que nous ne sommes plus dans une incertitude massive”, a-t-il noté. “Il y a toujours de la morosité et de mauvaises choses à régler, mais nous nous sentons tous mieux quand nous savons ce que nous avons à affronter”, a-t-il dit.

Alors que RBS a par ailleurs décidé d’assurer 302 milliards de livres d’actifs toxiques dans le cadre du programme d’assurance gouvernemental, M. Hester a indiqué que 75 à 85% des pertes annoncées vendredi faisaient partie de ce programme. Dans ce cadre, les premiers 19,5 milliards de pertes restent toutefois à sa charge.