USA : les tests de résistance des banques soulagent sans totalement rassurer

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à Chicago (Photo : Scott Olson)

[08/05/2009 18:49:20] WASHINGTON (AFP) Le résultat des “tests de résistance” imposés aux grandes banques américaines semblait vendredi devoir apaiser les inquiétudes sur la santé du système financier, même si certains analystes jugeaient l’opération trop peu rigoureuse pour totalement rassurer.

Les régulateurs ont établi que 10 des 19 banques testées devaient renforcer leurs capitaux propres de presque 75 milliards de dollars au total.

“Les besoins additionnels de capitaux ne sont pas particulièrement lourds et aucune des banques ne devrait avoir de gros problèmes à atteindre les objectifs fixés”, a relevé Brian Bethune, économiste chez IHS Global Insight.

Mais même la plus sévèrement épinglée, Bank of America, a assuré qu’elle pourrait rassembler les 34 milliards de dollars exigés, dans le délai imparti de six mois, et surtout sans solliciter la générosité du contribuable.

Elle entend récupérer 17 milliards de dollars sur les marchés boursiers, céder 10 milliards d’actifs et dégager le solde en accroissant ses résultats.

Plusieurs banques ont immédiatement annoncé leur intention de faire appel au marché pour combler le besoin de financement identifié. Devant la réaction positive des marchés, Morgan Stanley a porté le montant de son émission de 5 milliards à 8 milliards de dollars et Wells Fargo a relevé la sienne de 1,5 milliard pour la porter également à 7,5 milliards de dollars.

“C’est très positif que les banques pensent que la demande est là”, commentait l’analyste Al Goldman, chez Wachovia Securities. “L’économie de marché reviendra d’entre les morts si ces appels au marché réussissent”, ajoutait-il, en référence aux craintes de nationalisation de pans entiers du système bancaire américain suscitées par l’imposition de ces tests.

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à San Francisco (Photo : Justin Sullivan)

Plusieurs analystes convenaient que le renforcement des fonds propres demandé par les régulateurs n’était pas si difficile, puisque les banques pourront se contenter de transformer des titres hybrides (qui ne comptent pas dans la définition des fonds propres “durs”) en actions ordinaires.

Une opération d’autant plus aisée que les cours se sont raffermis ces derniers temps, quadruplant même pour Citigroup et Bank of America.

“Ces résultats ont fait pousser un soupir de soulagement collectif”, résumait Patrick O’Hare du site d’analyse financière Briefing.com.

De fait l’indice Standard and Poor’s des valeurs financiers montait de 6,96% vendredi à la mi-journée, les principales valeurs bancaires s’affichant en hausse (+7,87% pour Citibank, +3,70% pour Bank of America, +6,19% pour JPMorgan Chase…).

Mais Adolfo Laurenti, chez Mesirow Financial, a regretté de nombreuses inconnues dans la présentation des autorités, qui laissent place au doute. Pour lui, nombre d’interrogations subsistent sur la manière dont ont été calculées les pertes potentielles des banques en cas de dégradation de la conjoncture.

Quant aux hypothèses économiques retenues par les pouvoirs publics pour procéder à l’exercice, elles ne sont pas assez pessimistes, selon l’économiste Martin Weiss, auteur best-seller intitulé “Guide de survie à la Dépression”.

“Le scénario (des autorités) est en fait moins sombre que la réalité actuelle”, s’étonne-t-il, en relevant que le Produit intérieur brut se contractait actuellement à un rythme annuel de 6,1%, alors que le Trésor tablait au pire sur un recul de 3,3% pour l’année en cours.

Par ailleurs le Trésor table sur des pertes potentielles à venir de 600 milliards de dollars (s’ajoutant à 400 milliards de dollars déjà passés dans les comptes depuis 18 mois), un chiffre que M. Weiss juge largement sous-évalué, vu notamment l’exposition des banques aux produits dérivés.

Si le FMI estime à plus de 3.000 milliards de dollars les pertes futures potentielles de l’ensemble des banques mondiales, la part des banques américaines risque de dépasser largement les 600 milliards, note-t-il.

En tout état de cause, les autorités ont répété qu’en cas de besoin elles restaient disponibles pour un nouveau coup de main, après avoir déjà injecté 216 milliards en actions préférentielles dans les 19 banques étudiées.