à Miami, aux Etats-Unis (Photo : Roberto Schmidt) |
[08/05/2009 20:14:36] NEW YORK (AFP) Les créanciers du constructeur automobile américain Chrysler, qui l’ont acculé au dépôt de bilan en refusant son plan de restructuration financière, ont finalement renoncé à leurs recours en justice après avoir vu leurs rangs dégarnis par une série de désertions.
La semaine dernière, ces créanciers possédaient ensemble à peu près un milliard de dollars de dettes de Chrysler. Mercredi, ils n’étaient plus que cinq réunissant moins de 300 millions de dollars de dette et, après le retrait de deux d’entre eux vendredi, ils ont estimé ne plus être de taille à lutter.
“Après beaucoup d’introspection et même de déchirements, les créanciers de Chrysler n’ayant pas reçu de fonds publics sont arrivés à la conclusion qu’ils n’avaient pas la masse critique pour résister à l’énorme pression et à l’appareil du gouvernement américain”, a déclaré leur avocat Thomas Lauria, dans un communiqué transmis.
“En conséquence, ils ont collectivement retiré leur participation au processus judiciaire”, a ajouté Me Lauria.
Depuis la semaine dernière, le plan de restructuration auquel ils s’opposaient, négocié avec l’administration fédérale, est examiné par la justice newyorkaise qui doit se prononcer sur sa validité le 27 mai.
Il s’agit notamment d’annuler plus des deux tiers de la dette du Chrysler, et de l’autoriser à conclure un partenariat stratégique avec l’Italien Fiat, qui obtiendra dans un premier temps 20% du capital de la société (et rapidement 35%), tandis que un fonds social à gestion syndicale a obtenu 55% et les gouvernements américain et canadien, conjointement, 10%.
Les créanciers réfractaires revendiquaient fièrement le fait de n’avoir pas perçu un sou d’argent public dans le cadre du plan de sauvetage du système financier –à la différence des grandes banques créditrices, qui elles ont été renflouées à coup de milliards. Sous-entendu: elles n’étaient pas en mesure de résister au gouvernement fédéral, qui porte Chrysler à bout de bras.
“La proposition parrainée par le gouvernement passe outre (les) droits (des créanciers), pour accorder un avantage injuste et sans précédent aux autres parties intéressées”, a de nouveau argumenté Me Lauria.
éhicules Chrysler près d’une usine, le 4 mai 2009 à Belvidere, dans l’Illinois (Photo : Scott Olson) |
Dans le droit traditionnels des faillites, les détenteurs de dette garantie sont prioritaires par rapport aux syndicats, mais le plan de restructuration de Chrysler prévoit qu’ils ne retrouveront que 29% de leur dû.
Me Lauria n’a pas manqué de dénoncer les “pressions indues” exercées par le gouvernement pour les “forcer” à accepter le plan.
Le jour de l’annonce du dépôt de bilan de Chrysler, le président Barack Obama avait salué les efforts et les sacrifices accomplis par la direction de l’entreprise, les syndicats et les plus grands créanciers de l’entreprise.
En revanche, avait-il dit, “un groupe de sociétés d’investissements et de fonds d’investissements à risque ont décidé de rester à l’écart dans l’espoir d’un sauvetage injustifié financé par le contribuable. Ils espéraient que tout le monde se sacrifierait, et pas eux, certains demandaient le double de leur retour sur investissement que ce qu’obtenaient les autres. Je ne suis pas avec eux”, avait martelé le président.
Le soir même un premier fonds, Perella Weinberg, avait annoncé qu’il se rangeait finalement dans le camp des partisans du plan de restructuration, et qu’il pousserait ses homologues à l’imiter.
Me Lauria, lui, avait tenté sans succès d’obtenir de la justice que l’anonymat des réfractaires soit préservé, affirmant que certains craignaient pour leur sécurité après avoir été livrés à la vindicte publique par M. Obama.