Le Forum que notre confrère L’Economiste maghrébin a organisé
le 7 mai à Tunis, portant sur un thème d’une brûlante actualité, en l’occurrence
«Tunisie – Maghreb – Europe : Quelles réponses communes à la crise économique» a
non seulement permis de faire l’état des lieux de l’impact de la crise, mais les
Maghrébins ont pu exprimer haut et fort ce qu’ils attendent des 27 pays de
l’Union européenne, individuellement (coopération bilatérale) et collectivement
(coopération multilatérale).
Il
faut reconnaître au passage que M. Hédi Mechri, le directeur-fondateur de la
revue tunisienne, a réussi un tour de force remarquable, en réunissant
autour de la table à la fois responsables politiques,
enseignants-professeurs, chefs d’entreprise et autres banquiers.
Dans son allocution de bienvenue, M. Mechri donnera le ton en disant: “on ne
voit pas émerger, au grand dam des entreprises de la région, un grand marché
maghrébin qui serait lui-même une partie de la réponse à la crise économique
qui frappe de plein fouet les économies de la région”. Et pourtant, “si l’on
met malgré tout en avant le Maghreb et si on en fait un acteur majeur, c’est
parce que nous ne voulons nous résigner à la fatalité du statu quo”, a-t-il
ajouté.
Mais plus loin, il va toucher le coeur du débat qui devait suivre. “Certes,
L’UE n’a pas fait moins que ce qu’elle avait prévu de longue date, mais elle
n’a pas fait non plus davantage en ces temps de crise en direction des pays
maghrébins, comme si ces derniers n’étaient pas concernés par la crise,
comme s’ils n’éprouvaient pas eux aussi au besoin de relance”.
En gros, voilà le fil conducteur du forum, à travers ses invités de
marque…
Pour ce faire et pour que tout soit suffisamment visible, le Forum s’est
déroulé sur deux sous-thèmes, à savoir : ‘’Quelle crise ?’’ et ‘’Quelles
réponses communes ?’’, comme pour mettre face à face entre, d’un côté, les
politiques, et, de l’autre, les ‘’analystes ou théoriciens de l’économie’’
et les chefs d’entreprise.
C’est ainsi que, pour la cérémonie d’ouverture du Forum, il y avait MM.
Abdelwahab Abdallah, ministre des Affaires étrangères, Adrianus
Koetsenruijter, ambassadeur chef de la Délégation de la Commission
européenne à Tunis, et Serge Dégallaix, ambassadeur de France à Tunis.
Dans leurs discours respectifs, beaucoup d’annonces –en attendant leur
concrétisation dans les faits. En effet, pour le chef de la diplomatie
tunisienne, M. Abdallah, ce forum permet de faire le point sur la situation
des relations euroméditerranéennes. Et comme nous l’avons déjà écrit, le
ministre a annoncé le démarrage de la Banque maghrébine d’investissement et
de commerce extérieur (BMICE) avant la fin du 1er semestre 2009, la réunion
de l’ensemble des patronats des ‘’5+5’’, etc.
Pour sa part, M. Serge Dégallaix révèle le lancement d’un fonds baptisé
InfraMed par quatre caisses méditerranéennes de dépôts, à savoir la Caisse
des Dépôts de France, la Cassa depositi e prestiti d’Italie, EFG Hermes d’Egypte,
et la Caisse de Dépôt et de Gestion du Maroc.
Après le chapitre introductif, un panel composé de MM. Hédi Djilani,
président de l’UTICA, Dhafer Ben Saïdane, économiste et professeur à
l’Université Charles de Gaulles de Lille3, et Axel Poniatowski, présent de
la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale française, a
débattu du sous-thème ‘’Quelle crise’’.
Puis deux autres panels ont complété le premier pour répondre à une
l’interrogation ‘’Quelles réponses communes’’, qui proposait d’apporter une
‘’réponse politique’’ et une ‘’réponse économique’’.
Pour la réponse politique, l’organisateur du Forum s’est posé la question
suivante : faut-il ‘’le retour du politique, de l’intégration régionale ou
multilatéralisme ?’’. Trois personnalités étaient chargées d’y apporter
quelques éléments de réponse, en l’occurrence MM. Habib Ben Yahia, SG de l’UMA
(qui n’a pas pu faire le déplacement à Tunis), Jean-Pierre Raffarin, ancien
Premier ministre français, et Najib Zerouali Ouariti, ambassadeur du Maroc à
Tunis.
Et pour la ‘’réponse économique : réformes et solidarité’’, MM. Nadj Nacer,
ancien gouverneur de la Banque centre d’Algérie, Christian de Boissieu,
président du Conseil d’analyses économiques, et Mohamed Kettani, PDG d’Attijariwafa
Bank.
Enfin, M. Afif Chalbi, ministre de l’Industrie, de l’Energie et des PME, a
venu clôturer le Forum qui, de l’avis de plusieurs participants, a été d’une
excellente facture tant du côté de l’organisation que de personnalités
présentes.