On s’attendait à plus de 700 participants au premier Forum
maghrébin des employeurs qui se tient à Alger les 11 et 12 mai. A examiner de
près la salle qui a abrité l’ouverture de cette manifestation considérée comme
la plus importante dans la vie de l’organisation patronale maghrébine naissante,
on jurerait presque que le nombre de personnes présentes n’a pas dépassé les
500.
La
délégation la plus importante est celle venue de Tunisie, peut-être parce
que c’est le pays qui a le plus bataillé pour l’édification de l’UMA avant
l’UME (Union maghrébine des employeurs) et celui qui croit dur comme fer en
l’unité économique du Maghreb.
«Nous devons exploiter à fond nos capacités et nous adapter aux nouvelles
donnes économiques mondiales et aux exigences de la globalisation. Reporter
la mise en œuvre d’un Grand Maghreb économique se soldera par la
marginalisation de nos entreprises et par ricochet les économies de nos
pays», a déclaré M. Boualem M’Rakach, président de la Confédération
algérienne du patronat et membre fondateur de l’UME.
M. Hédi Djilani, président de l’Union maghrébine des employeurs et fervent
défenseur d’un idéal économique maghrébin commun, a affirmé pour sa part que
les fédérations maghrébines des hommes et femmes d’affaires réalisent de
plus en plus qu’il n’est plus acceptable de s’aventurer à continuer de
travailler en solo et perpétuer la situation actuelle de désunion et de
dispersion des efforts, des forces, des compétences et des moyens. Une
situation qui menace l’avenir des nouvelles générations et risque de mettre
en péril leurs ambitions et leurs espoirs pour un avenir meilleur.
A ce propos, des études ont été réalisées par l’UME sur l’entrepreneuriat
maghrébin et ses besoins afin de dégager les stratégies nécessaires qui
remédieraient à un état de fait qui ne peut plus durer au vu des défis
auxquels sont confrontés les secteurs privés au niveau de la région : «Ce
Forum n’a pas été organisé fortuitement ou sous la pression d’une
conjoncture économique particulière, il est né de la conviction des
entrepreneurs maghrébins du fait qu’un bloc régional maghrébin
économiquement intégré est vital pour nos pays», a-t-il scandé.
L’UME qui constitue un espace de concertation entre les hommes d’affaires de
la région du Maghreb a pour rôle principal d’initier une réflexion sur les
moyens de créer une plateforme commune pour la promotion des échanges entre
les pays de l’UMA qui demeurent parmi les plus faibles dans le monde avec un
taux qui ne dépasse pas les 3%. Sans oublier le fait que, faute d’une union
maghrébine, chaque pays a débattu de ses accords commerciaux avec l’Union
européenne de manière unilatérale, ce qui l’a fragilisé au niveau des
négociations avec ses partenaires de la rive nord.
«Maghrébiniser les produits»
Pour M. Habib Ben Yahia, secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe, née
il y a 20 ans à Marrakech et qui tarde à se concrétiser au grand dam des
populations et de l’entrepreneneuriat maghrébin, a insisté sur la nécessité
de renforcer le rôle des secteurs privés dans la région d’autant plus que de
nouveaux créneaux s’offrent à tous ceux qui veulent tenter l’aventure de
l’innovation, des technologies de pointe, des secteurs bancaires et
financiers et des énergies renouvelables. M.Ben Yahia a appelé à créer une
carte d’investissement maghrébine commune et des labels propres aux produits
en provenance des pays de la région. En somme, il faut penser à la «maghrébinisation»
des produits, a-t-il précisé.
Le coût du non Maghreb, qui ne le connaît pas ? C’est 2% de croissance et 20
millions d’emplois pour des jeunes qui ont besoin de se projeter dans un
avenir prometteur et riche en opportunités et de croire en la capacité de
leurs pays à leur garantir sécurité et dignité.
Dans la conjoncture économique actuelle, empreinte d’une crise sans
précédent et qui a eu des incidences inattendues sur les économies de la
région, M. Djilani a appelé à ce qu’il y ait une stratégie commune entre les
pays maghrébins pour résister aux aléas, car, selon lui et malgré les
efforts fournis par les gouvernements au niveau de chaque pays, «il faudrait
lancer des initiatives tendant à définir les impacts de la crise sur nos
pays respectifs et étudier les moyens de nous entraider pour atténuer ses
effets».
Dans le monde d’aujourd’hui, il n’y a plus de place pour les solitaires même
s’ils sont des loups, ce sont les entités économiques unies par des intérêts
communs qui ont le plus de chance de s’imposer et occuper une place de choix
sur l’échiquier politique et économique international.
Pour les organisateurs de cette première opération, le Maghreb ne doit en
aucun cas rester en dehors des développements économiques planétaires tout
comme il s’avère urgent de mettre en place une politique globale et commune
face aux différents partenaires internationaux du Maghreb. Parmi les
objectifs de l’UME, la création d’une assise économique commune au Maghreb
et l’encouragement à la réalisation de projets fédérateurs et de la
complémentarité économique entre les pays maghrébins. Il s’agit également de
booster les investissements et arriver, si Dieu le veut -et surtout si les
politiciens appliquent leurs discours et passent de la théorie à la
pratique-, à réaliser l’autosuffisance au niveau des pays maghrébins.
Les thématiques les plus importantes abordées lors de ces deux journées de
réflexion se rapportent aux projets fédérateurs maghrébins, à
l’investissement immobilier, aux investissements dans les secteurs agricoles
et agroalimentaires et dans les nouvelles technologies de l’information et
de la communication.