Le logo de Dassault Aviation (Photo : Pierre Verdy) |
[11/05/2009 15:23:52] GENEVE (AFP) Après cinq années de croissance, les fabricants d’avions d’affaires subissent de plein fouet la crise, comme l’illustre lundi l’annonce du français Dassault Aviation de chômage partiel en France et de centaines de licenciements aux USA.
Un jour avant l’ouverture du Salon Ebace de Genève, grand rendez-vous européen du secteur du 12 au 14 mai, le patron de Dassault Aviation, Charles Edelstenne, a indiqué qu’il mettrait au chômage technique trois jours et demi par mois, de fin septembre à fin décembre, 2.000 personnes en France. Et aux USA, il licenciera quelque centaines sur 2.500 à 3.000 salariés.
L’avionneur français, qui produit le Falcon, rejoint ainsi la longue liste des entreprises forcés de tirer les conséquences sociales d’une demande en berne. Ainsi, le 2 avril dernier, le canadien Bombardier, qui sort de ses chaînes le Learjet, avait annoncé la suppression de 10% de ses effectifs d’ici fin 2009.
C’est la première fois depuis la dernière grande crise du secteur fin 1990-début 1991 que Dassault Aviation procède au chômage partiel. L’entreprise avait alors réduit ses effectifs et fermé des usines.
En décembre, elle se penchera sur la question d’éventuels licenciements en France. “On verra si on est obligé de faire comme les autres”, a dit M. Edelstenne, ajoutant que si Dassault Aviation était une société américaine, il aurait licencié il y a trois mois.
Après des prises de commandes soutenues et des livraisons en essor constant pendant cinq ans, l’industrie du jet privé a été frappée soudainement et brutalement. “La crise est arrivée au moment où nous étions en pleine montée en cadence”, observe M. Edelstenne, une constatation partagée par ses rivaux.
Aux Etats-Unis — premier pays utilisateur d’avions d’affaires — et en Europe, les mouvements de vols ont considérablement baissé depuis octobre dernier, les entrepreneurs resserrant leur budget voyages.
à Saint-Cloud, près de Paris (Photo : Eric Piermont) |
“Entre décembre et mai, ils ont chuté d’environ 30% par mois comparé à l’année précédente aux USA et de 20% en Europe”, a indiqué à l’AFP, Pedro Vicente Azua, chef des opérations de l’Association européenne de l’aviation d’Affaires (EBAA), organisateur d’Ebace.
“Mais ce n’est pas catastrophique car nous avons pour base de comparaison des années particulièrement fastes, entre 2006 et 2008”, minimise-t-il. L’Ebace réunira d’ailleurs tout autant d’exposants que l’an passé: plus de 400.
Parmi les grands clients des avionneurs, la société d’exploitation d’avions d’affaires en multi-propriété NetJets Europe avoue avoir particulièrement subi la crise en octobre 2008. “Des dirigeants du monde de la finance et du BTP –parmi les premiers secteurs touchés– ont quitté nos programmes”, a dit à l’AFP William Kelly, PDG de NetJets Europe.
Mais ils ont été remplacés par d’autres depuis. “Actuellement, on observe surtout une réduction des heures de vols comparé aux années passées”, a-t-il continué: “plutôt 90 par an que 100 avant”.
En réalité, NetJets Europe estime même profiter de la morosité, certains entrepreneurs préférant partager leur avion plutôt que de se lancer dans une dépense trop élevée –entre 4 et 40 millions de dollars, selon la taille et la puissance–. Il a d’ailleurs recruté 12 nouveaux commerciaux depuis le début de l’année.
Mais ce grand utilisateur de Falcon a reporté un certain nombre de commandes d’appareils: il ne recevra que 10 engins en 2009, contre un peu moins d’une trentaine en 2008.