Chine : Le séisme du Sichuan a dopé l’activité économique de la province

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à Shifeng (Chine) dans la province du Sichuan, le 9 mai 2009. (Photo : Peter Parks)

[12/05/2009 08:10:37] PEKIN (AFP) Les efforts massifs de reconstruction du Sichuan après le séisme dévastateur de l’an dernier ont permis de compenser l’impact de la catastrophe sur l’économie de cette province du sud-ouest de la Chine, apportant de gigantesques investissements dans une région rurale et pauvre.

Les flots d’argent débloqués par Pékin pour rebâtir maisons, usines ou routes, ont même permis d’atténuer les effets de la crise financière internationale sur la Chine, selon des analystes.

Ils ont eu “un effet tampon pour l’économie chinoise pendant cette période de turbulences économiques”, estime ainsi Sherman Chan, de Moody’s Economy.com.

Au Sichuan même, les conséquences ont été “ressenties durant un trimestre car le séisme a perturbé toute l’activité manufacturière. Mais (avec la reconstruction), les investissements se sont accélérés, avec une influence positive sur le Produit intérieur brut (PIB)”, dit-elle.

Par ailleurs, si elle a été dévastatrice et meurtrière, laissant près de 87.000 morts ou disparus, la tragédie du 12 mai 2008 a surtout frappé une zone peu développée, de montagnes et de forêts.

“Le séisme a touché une zone assez pauvre. Au plan économique, cela a été nettement moins (grave) que s’il avait frappé Chongqing ou un endroit similaire”, relève Mark Williams, économiste à Londres de Capital Economics, citant la plus vaste et la plus peuplée des quatre municipalités autonomes chinoises, située dans cette région du sud-ouest.

Avec ses 87 millions d’habitants et ses 485.000 kilomètres carrés — quasiment la taille de l’Espagne –, le Sichuan ne représentait pourtant qu’un peu plus de 4% du PIB national avant le séisme. Ses exportations ne comptaient que pour 0,6% du total national, selon des analystes.

La croissance du PIB du Sichuan n’en a pas moins ralenti l’an dernier, comme celle de l’ensemble de la Chine, selon les statistiques du gouvernement provincial, à 9,5% en glissement annuel, contre 14,2% en 2007.

Au second trimestre 2008, période du tremblement, elle n’a pas dépassé 4,6%, alors qu’elle était encore de 14,5% le trimestre précédent.

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à Qingchuan dans la province du Sichuan (Chine), le 8 mai 2009. (Photo : Peter Parks)

Les efforts de reconstruction, urgents alors que le séisme avait laissé plus de 5 millions de sans-abri, ont été sensibles dès le troisième trimestre qui a vu le PIB repartir à la hausse, à +10,1%.

“Cela a eu des conséquences sur le reste du pays car les ressources se sont retrouvées dirigées vers le Sichuan, au lieu d’être réparties ailleurs”, souligne Sherman Chan.

Selon Chen Xingdong, économiste de BNP Paribas à Pékin, le gouvernement a prévu 1.000 milliards de yuans (108 milliards d’euros) pour les travaux au Sichuan, générateurs d’emploi et de croissance.

“Cela représente de 0,3 à 0,5 point de pourcentage du PIB (national) chaque année entre 2009 et 2011”, affirme-t-il.

Premier effet de ces dépenses: le bond de 90% sur un an des investissements en capital fixe dans la zone sinistrée au premier trimestre 2009, selon Sheng Yi, professeur de l’Académie des Sciences Sociales du Sichuan.

“Dans certains districts, la hausse a même dépassé les 100% alors que l’on considère déjà comme forte une progression 20 ou 30%. Cela a poussé l’économie et accru fortement la demande en ciment et en acier, ainsi que la consommation”, commente Sheng.

Mais certains analystes lient aussi bilans humain et économique: “ils ont perdu des tas (de gens qualifiés), des ingénieurs, des gestionnaires”, souligne Chen.