EADS : après un trimestre morose, navigation à vue sur le reste de l’année

[12/05/2009 11:01:23] PARIS (AFP)

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à Ausburg (Allemagne), le 25 septembre 2007. (Photo : Clemens Bilan)

Après des profits en berne au premier trimestre, le groupe européen d’aéronautique et de défense EADS s’attend à une année difficile avec la crise de l’aérien, naviguant à vue sur son programme d’avion de transport militaire A400M, empêtré dans des retards.

De janvier à mars, son bénéfice net a chuté de 40% à 170 millions d’euros, son bénéfice d’exploitation de 70% à 232 millions d’euros et son chiffre d’affaires de 14% à 8,46 milliards d’euros.

“Ces chiffres sont décevants et accompagnés d’un message à tonalité réaliste mais morose”, ont estimé les analystes de Natixis Securities. Un jugement partagé à la Bourse de Paris, qui a sanctionné le titre. A 08H23 GMT, il affichait la plus forte baisse du CAC 40, cédant 6,04% à 10,66 euros dans un marché en hausse de 0,64%.

Le fabricant d’avions, hélicoptères, missiles et satellites, a insisté sur les risques liés à l’A400M et sur la faiblesse du marché de l’aérien, pesant sur Airbus, sa principale filiale qui contribue aux deux tiers de son chiffre d’affaires.

“Le programme A400M reste l’une de nos préoccupations majeures et nous devons trouver des solutions communes portant sur le cadre technique et commercial du contrat afin de partager les risques de manière équilibrée avec nos clients”, déclare le président exécutif d’EADS, Louis Gallois, cité dans le communiqué.

Le groupe prévoit de discuter jusqu’à fin juin avec sept pays clients (Allemagne, Espagne, France, Royaume-Uni, Turquie, Belgique et Luxembourg) de l’avenir de ce programme de 20 milliards d’euros.

L’appareil, dont les progrès sont retardés en particulier par des problèmes de motorisation, “progresse vers le premier vol”, assure EADS, sans fixer de date.

Alors que plus de 2,2 milliards d’euros –dont 120 millions au premier trimestre– ont été provisionnés à ce jour pour faire face aux risques éventuels du programme, EADS prévient que de nouvelles provisions pourraient suivre.

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ésentation officielle à Séville (Espagne), le 26 juin 2008 (Photo : Cristina Quicler)

“Toutes les conséquences financières des retards accusés à ce jour par le programme ne seront connues” qu?une fois les négociations avec les clients “finalisées”, met-il en garde.

Cet appareil à hélices polyvalent doit répondre un ambitieux cahier des charges: transporter des troupes et du matériel, assurer des missions de maintien de la paix, humanitaires, et le ravitaillement en vol de nombreux autres avions.

Côté avions civils, EADS reconnaît que l’objectif de 300 nouvelles prises de commandes brutes (c’est-à-dire avant d’éventuelles annulations) cette année “sera difficile à réaliser”, réitérant une mise en garde faite lundi par le directeur commercial d’Airbus, John Leahy.

Toutefois, il souligne que le carnet de commande reste solide (3.600 appareils) grâce à “un niveau de surréservations pour les prochaines années”, qui permettent de compenser les reports ou annulations de la part des compagnies aériennes.

Ces dernières, confrontées à une baisse du trafic de passagers et de fret depuis l’éclatement de la crise en octobre dernier, rechignent à acquérir de nouveaux appareils –dont les prix oscillent entre 56 et 337 million de dollars selon leur taille– d’autant plus que les crédits sont difficiles à obtenir.

Pour aider ses clients à financer leurs achats et ses fournisseurs, affectés par la baisse de l’activité, EADS a prévu une enveloppe pouvant aller jusqu’à 1,5 milliard d’euros en 2009.

Malgré ces défis, EADS a confirmé son ambition de résultat d’exploitation (EBIT) avant exceptionnels “significativement positif” en 2009.