Le ministre de l’Industrie, de l’Energie et des PME, M. Afif Chelbi, a ce
mérite de se soucier constamment d’apporter du nouveau dans ses
communications en public. Sa récente intervention au traditionnel forum du
magazine l’Economiste Maghrébin sur le thème «Tunisie-Maghreb-Europe,
quelles réponses communes à la crise économique» n’a pas failli à cette
règle.
Traitant de ce partenariat Maghreb -Europe, le ministre a brossé un tableau
objectif de l’état des lieux et balisé le chemin devant mener à de meilleurs
rapports entre le Maghreb et l’Europe.
Faisant le point de la situation, il a estimé que, jusqu’à ce jour, les
relations Maghreb-Europe sont plutôt des relations de chacun des pays du
Maghreb avec l’Europe, précisant que les réponses à la crise se font ainsi
pays par pays.
Et pourtant, ce ne sont pas les opportunités de complémentarité qui
manquent. M. Chelbi a cité à titre indicatif l’énergie. Selon lui, au regard
de l’angoisse qu’éprouve l’Europe vis-à-vis de la question énergétique, le
Maghreb pourrait apporter une réponse appropriée et bénéficier en
contrepartie d’un transfert technologique significatif.
Pour y parvenir, le ministre de l’Industrie a évoqué deux préalables. En
premier lieu, il s’agit pour les Maghrébins d’«arrêter en commun une
stratégie concertée de négociation face à l’Europe». En attendant, l’Union
européenne pourrait appuyer les projets de modernisation et d’infrastructure
comme le fait déjà la Commission européenne avec le Programme de
modernisation industrielle (PMI) ou la BEI avec les technopôles en Tunisie.
Elle pourrait également faire du Maghreb l’arrière-pays de l’Europe du sud
qui permettrait à cette dernière de réaliser avec la région du Maghreb un
partenariat semblable à celui établi entre les pays de l’ASEAN ou entre
l’Allemagne et les pays de l’Est.
En second lieu, le succès de cette stratégie dépendra aussi de la prise de
mesures au niveau des pays de la région, mesures qui devraient favoriser «le
libre-échange intra-maghrébin avec des règles claires en matière des règles
d’origine».
En libéral convaincu, le ministre a évoqué l’émergence de nouvelles
tendances favorisant un plus grand rapprochement entre les pays maghrébins.
Comme en témoigne l’accroissement des échanges économiques de la Tunisie
avec les pays de la région.
Leur volume global a doublé entre 2005 et 2008 passant de 1.900 MDT à 4.200
MDT, même si ce volume reste toujours très faible, soit moins de 10% des
échanges globaux de la Tunisie.
Les exportations tunisiennes vers les pays du Maghreb sont passées de 1.000
MDT en 2005 à 1.900 MD en 2008, et les importations sont passées pour la
même période de 900 MDT à 2.300 MDT.
La même tendance peut être observée au niveau des investissements
intermaghrébins, a-t-il indiqué, précisant que la Tunisie compte aujourd’hui
104 projets d’origine maghrébine dans les secteurs industriel, agricole et
des services.
L’idéal serait, toutefois, pour M. Chelbi, de voir aboutir les négociations
en cours pour la création d’une zone de libre-échange entre les pays de l’UMA.