Investissements industrie : chute record prévue en 2009

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îne de fabrication à l’usine Renault de Sandouville, le 30 août 2007. (Photo : Robert Francois)

[13/05/2009 07:58:17] PARIS (AFP) Les investissements dans l’industrie française devraient connaître en 2009 une chute record (-18%), selon l’enquête trimestrielle d’avril publiée mercredi par l’Insee.

Pour la seule industrie manufacturière, l’enquête prévoit même une baisse des investissements de 21%, indique l’Institut national de la Statistique.

Les industriels revoient ainsi en baisse la contraction des investissements anticipée lors de la précédente enquête en janvier 2009, de 9 points pour l?industrie manufacturière et de 6 points pour l?ensemble de l?industrie, souligne l’Insee.

Le recul serait d?ampleur inédite dans les secteurs des biens intermédiaires (-30%) et de l?automobile (-24%).

“En rythme semestriel, les industriels sont également inhabituellement nombreux à faire part d?une baisse de leurs investissements au premier semestre 2009”, selon l’Insee. “Ils apparaissent par ailleurs très pessimistes en ce qui concerne les projets d?investissements du second semestre”, souligne l’Institut.

La production industrielle française a encore reculé de 1,4% en mars, après avoir baissé de O,9% en février, avait indiqué lundi l’Insee.

En 2008, les chefs d?entreprise de l?industrie manufacturière indiquent avoir maintenu leurs investissements en valeur à leur niveau de 2007.

L’enquête ne s’adresse qu’aux entreprises industrielles (à l’exclusion de distribution d’eau et d’énergie).

L’investissement dans l’industrie, très important par le rôle moteur qu’il joue dans l’évolution économique, ne représente que 30% de l’investissement productif en France, rappelle l’Insee.

La production industrielle française a de nouveau reculé en mars, signe que la reprise est encore lointaine et qu’une sévère baisse du PIB au premier trimestre semble désormais inéluctable.

“Alors qu?on pensait que la production manufacturière s?était stabilisée en février, en vérité il n?en était rien”, a relevé Alexander Law, économiste chez Xerfi.

Après avoir reculé de 0,9% en février sur un mois, la production industrielle française a en effet de nouveau décroché de 1,4% en mars, a indiqué lundi l’Insee.

Cela porte la baisse trimestrielle à près de 7% par rapport au trimestre précédent.

En mars, la production a diminué dans presque tous les secteurs. “La crise se transmet, tel un effet domino, à travers le ralentissement global de la demande”, souligne Karine Berger, économiste chez Euler-Hermes SFAC.

En particulier, la production des produits informatiques et électroniques a fléchi de 2,8%. La production d?équipements électriques et électroniques et autres machines s’est également repliée de 1,7%.

Dans les matériels de transport, elle a augmenté de 3,1% dans les constructions navale, aéronautique et ferroviaire, mais a continué de se replier dans l?industrie automobile (-1,0%).

L?industrie pharmaceutique a, elle, rebondi de 2,4%. “Il s?agit là d?un phénomène de plus en plus rare en France: un secteur qui reste fortement compétitif à l?international et qui arrive à résister tant bien que mal à la crise”, a commenté Alexander Law.

Pour Frédérique Cerisier, de BNP Paribas, “ces résultats suggèrent que l’activité industrielle a continué de se contracter à la fin du premier trimestre à un rythme relativement rapide, quoique sensiblement plus modéré qu’au cours des derniers mois de 2008”.

Dans l’entourage de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, on souligne que “le déstockage des entreprises est restée intense au premier trimestre”, avec une production “un peu plus mal orientée que ce qu’on attendait”.

“Néanmoins le redressement des enquêtes de climat des affaires dans l?industrie en zone euro et aux Etats-Unis en mars et avril laisse raisonnablement espérer une amélioration de la situation au 2ème trimestre”, souligne-t-on de même source.

Face à une absence totale de visibilité, les chefs d’entreprise “ont réduit au maximum la voilure”, explique aussi à l’AFP Marc Touati, chez Global Equities. Pour l’économiste, la production devrait “mécaniquement” rebondir au deuxième trimestre, mais en attendant, il faut se préparer à une “baisse historique” du Produit intérieur brut (PIB) au premier.

Alors que les chiffres de la croissance trimestrielle seront publiés vendredi par l’Insee, la récession, généralement définie par deux trimestres consécutifs de baisse du PIB, ne fait plus aucun doute.

Nombre d’économistes s’attendent en effet à un trimestre aussi mauvais, voire pire que le dernier trimestre 2008, qui avait vu le PIB français reculer de 1,1%. “Le chiffre de la croissance au premier trimestre 2009 (…) sera sans doute mauvais”, a reconnu Christine Lagarde dans un entretien au Monde daté de mardi.

Le gouvernement, qui table encore officiellement sur une baisse du PIB de 1,5% cette année, a déjà préparé les esprits à un recul plus sévère.

“Le Premier ministre avait évoqué le chiffre de -2,5%”, a rappelé Mme Lagarde, citant par ailleurs l’hypothèse de travail de certaines organisations internationales d’une baisse pouvant aller “jusqu’à 3%”.

“La reprise n’est pas encore pour demain, ni même après-demain, tant la crise est profonde”, souligne de son côté Alexander Law.