L’inflation au plus bas en France depuis 1957

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èces en billets de banque en euros (Photo : Koen Suyk)

[13/05/2009 09:14:58] PARIS (AFP) Les prix à la consommation en France ont augmenté de 0,2% en avril et ne progressent que de 0,1% sur un an, l’inflation retrouvant ainsi son plus bas niveau depuis 1957, a annoncé l’Insee mercredi.

Cette faible augmentation “reflète principalement les hausses de prix saisonnières dans les services de transports et de communications (+1,1% par rapport à mars) et dans les autres services (+0,2%)”, liées aux vacances de printemps, indique l’Institut national de la Statistique.

En mars, l’inflation s’était établie à +0,2%, avec une hausse de 0,3% sur un an.

“La faiblesse de l’inflation est essentiellement liée à la chute du prix des carburants (-22,4% depuis 12 mois) et ne traduit nullement une entrée en déflation”, souligne-t-on dans l’entourage de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, où l’on se réjouit de ce “facteur de soutien à la consommation dans le contexte difficile d?une remontée du chômage.”

Si l’on ajoute les prix des produits frais (-0,7% sur un an) et les produits de santé (-2,2%), “c’est tout de même près de 15% de la consommation totale des ménages qui voit ses prix baisser”, renchérit l’économiste Nicolas Bouzou (Asterès).

“A l’exception des loyers (+3,0% sur un an), on ne note quasiment plus de poche d’inflation en France”, ajoute-t-il.

Hors loyers et tabac, “les prix affichent déjà un glissement annuel nul”, relève Marc Touati (Global Equities), pour qui “il est quasiment assuré que dès le mois de mai”, l’inflation sera négative et le restera au moins jusqu’en juin.

Cette tendance tient pour beaucoup à un “effet de base” puisque c’est à partir du printemps 2008 que l’inflation avait commencé à se tendre en France, “nous bénéficions aujourd’hui d’une sorte de contrecoup”, analyse M. Bouzou.

Pour preuve, l’inflation “sous-jacente”, c’est-à-dire hors tarifs publics et produits soumis à de fortes fluctuations (pétrole, alimentation), reste à +1,6% sur un an, comme le mois précédent.

Mais la modération des prix est bien “une aubaine car il s’agit là du dernier rempart contre un effondrement du pouvoir d’achat et, par suite, d’un écroulement de la consommation”, principal moteur de la croissance française, estime Alexander Law (Xerfi).

“On peut être sûr que lorsque la reprise se profilera (on l’espère pour la fin de l’année), elle ne devra sa pérennité qu’aux seules dépenses des ménages, tant l’industrie est aujourd’hui vulnérable”, dit-il.

Selon une enquête de l’Insee, les investissements dans l’industrie française devraient en effet connaître en 2009 une chute record (-18%) et nettement contribuer au recul attendu du PIB cette année.

Quant à la production industrielle, elle a reculé de 7% au premier trimestre sous l’effet de la crise internationale.

Avec une inflation nulle ou négative dans les mois qui viennent, le taux du livret A, indexé sur la variation des prix et les taux d’intérêts courts qui se sont fortement réduits récemment, devrait de nouveau baisser au cours de l’été, avertit Cyril Blesson (Seeds Finance).

“Nous tablons sur un taux du livret A à 1,0% en août 2009 contre 1,75% actuellement”, précise l’économiste.

Le mode de calcul automatique prévu par la loi aboutirait sans doute à un taux encore inférieur mais “il est difficile de prévoir l’ampleur du coup de pouce éventuel des autorités dans le climat politique actuel”, précise-t-il.