L’Afrique se mobilise face à la crise, “question de vie ou de mort”

[13/05/2009 14:40:07] DAKAR (AFP)

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ésident de la Commission de l’UA Jean Ping, le 15 août 2008 à Johannesburg

Tardivement mais très violemment touchée, l’Afrique se mobilisait mardi à Dakar pour faire face à la crise économique mondiale, une “question de vie ou de mort” sur le continent le plus pauvre du monde.

Un “plan d’action” était en discussion au moment où la moitié des pays africains ont enregistré, au premier trimestre, une croissance économique inférieure à leur croissance démographique, traduisant un ralentissement brutal lourd de menaces après cinq années de forte croissance économique.

“Si dans les pays développés, la crise se traduit par des pertes d’emplois, dans les nôtres, c’est une question de vie ou de mort, avec en particulier les risques de multiplication de conflits et de crises qui menacent la paix mondiale”, a affirmé le président de la Commission de l’Union africaine (UA).

Le Gabonais Jean Ping s’exprimait lors de l’ouverture des 44e assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) qui rassemblent les ministres des Finances du continent jusqu’à jeudi.

Le responsable de l’UA n’a pas donné de chiffres, mais selon la BAD citant une étude de l’Unesco, les effets de la crise provoqueront “27 millions de nouveaux pauvres en 2009” sur le continent africain.

“Les risques de la crise pèsent lourds aussi sur les avancées démocratiques que nous avons enregistrées récemment”, a averti M. Ping, car “ventre creux n’a point d’oreille”.

Un rapport conjoint OCDE/BAD, publié lundi, avait déjà mis l’accent sur le fait que “la dégradation de la conjoncture économique pourrait bien mettre à mal certaines avancées (…) en termes de démocratisation et de gouvernance”.

M. Ping a également évoqué le phénomène de la “piraterie maritime”, notamment en provenance d'”un pays comme la Somalie, qui a été oublié, négligé, abandonné depuis 18 ans”, quand la guerre civile a éclaté.

Il a aussi mis l’accent sur “le phénomène de la drogue qui, de plus en plus, menace dangereusement la paix, en particulier dans cette partie de l’Afrique”, en référence au trafic de la cocaïne sud-américaine qui transite par l’Afrique de l’Ouest avant de rejoindre les marchés européens.

De son côté, toujours “résolument optimiste”, le président de la BAD, le Rwandais Donald Kaberuka, s’est dit “convaincu” que “sur le long terme, les perspectives étaient prometteuses pour l’Afrique”.

Mais il a également reconnu qu’au premier trimestre 2009, 26 pays africains sur 53 avaient connu une croissance économique inférieure à leur croissance démographique.

Selon lui, 13 pays ont durant cette même période connu une augmentation de leur produit intérieur brut (PIB) supérieure à leur croissance démographique et seulement 14 pays ont dépassé le cap d’une croissance économique de 5%.

“L’heure n’est pas au découragement” car “tôt ou tard, la crise passera. On doit continuer à améliorer l’environnement des affaires”, a cependant martelé le président de la BAD, élu en 2005 pour un mandat de cinq ans.

Malgré la crise financière, la BAD a annoncé d'”excellents résultats” en 2008, reflétant selon elle “sa prudente gestion financière et des risques”. Le groupe de la BAD a approuvé 5,3 milliards de dollars de prêts et dons, en augmentation de 13,9% par rapport à 2007.

Une augmentation du capital de la BAD et une “reconstitution” du Fonds africain de développement (FAD, branche de la BAD destinée aux pays les plus pauvres) seront discutées lors des assemblées de Dakar.