ège de KBC, le 7 octobre 2008 à Bruxelles (Photo : John Thys) |
[13/05/2009 19:06:24] BRUXELLES (AFP) Les pouvoirs publics belges vont à nouveau voler au secours d’une de leurs banques, KBC, pourtant déjà renflouée à deux reprises depuis octobre, une preuve de plus que le secteur financier européen est loin d’être sorti de la crise.
Le gouvernement fédéral a annoncé mercredi soir, à l’issue d’une réunion ministérielle de crise, qu’il allait accorder sa garantie pour des actifs à risque de KBC.
“Il y a un accord”, a annoncé le ministre des Finances, Didier Reynders, à la télévision publique RTBF en sortant de la réunion. “C’est un système de garantie d’Etat qui est mis en place, pour couvrir tous les risques liés à un certain nombre de produits, les CDO comme on les appelle”, a-t-il ajouté.
Les CDO (collateralised debt obligation) sont des obligations dérivées de certains crédits, dont les fameux prêts hypothécaires à risque américains.
“Pour le contribuable belge, il n’y a pas de charge (…) parce que c’est un système de garantie pour laquelle la KBC devra payer une prime”, a affirmé le Premier ministre Herman Van Rompuy.
Les quotidiens économiques L’Echo et de Tijd évoquent un scénario où le groupe KBC prendrait en charge lui-même une première partie des risques, jusqu’à 1,6 milliard d’euros.
La région flamande, berceau de KBC, pourrait ensuite injecter jusqu’à 2 milliards d’euros. Et si cela ne suffisait toujours pas, la garantie de l’Etat fédéral serait déclenchée.
Depuis le début de la crise en septembre dernier, le secteur financier belge est particulièrement dans la tourmente.
Le fleuron belgo-néerlandais Fortis a été le premier touché: il a finalement été démantelé, et sa filiale Fortis Banque, première banque de Belgique, vient de passer sous le contrôle du groupe français BNP Paribas.
Les pouvoirs publics ont ensuite dû aider l’établissement franco-belge Dexia, et enfin KBC.
Cette dernière, considérée au départ comme la plus solide des banques belges, a déjà été renflouée à deux reprises: la première fin octobre par l’Etat fédéral, à hauteur de 3,5 milliards d’euros; et la deuxième fin janvier par la région flamande, pour 2 milliards d’euros avec une option pour 1,5 milliard supplémentaire qui devrait maintenant être exercée.
Les banques belges illustrent les difficultés qu’éprouve le secteur financier européen à se purger des milliards d’euros d’actifs toxiques qui plombent ses bilans.
Les Européens s’apprêtent ainsi à mener des “tests de résistance” coordonnés dans le secteur d’ici septembre, une initiative déjà prise par les Etats-Unis sur les grandes banques américaines et réclamée par le FMI.
La Commission européenne a réclamé, avant toute intervention publique, une évaluation transparente et harmonisée des actifs douteux, pour éviter des recapitalisations à répétition.
Jusqu’à présent, les pays de l’UE agissent en ordre dispersé.
L’Allemagne va pour sa part permettre aux banques qui le souhaitent de geler jusqu’à 200 milliards d’euros d’actifs toxiques pour une durée de vingt ans, dans des sociétés de défaisance ou “bad banks”. L’Etat allemand les garantira contre rémunération.