La douloureuse restructuration de Chrysler gagne ses concessionnaires

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à Chicago (Photo : Scott Olson)

[14/05/2009 18:43:10] NEW YORK (AFP) La douloureuse restructuration du constructeur automobile américain Chrysler s’étend à son réseau commercial aux Etats-Unis, qui sera réduit du quart pour mieux s’adapter à l’effondrement du marché.

Après la chute des ventes et les réductions de production déjà annoncées par le numéro trois américain, “il faut des réductions semblables dans l’ampleur du réseau de vente”, s’est défendu jeudi le vice-président Jim Press.

Sous la supervision du juge des faillites, Chrysler compte fermer d’ici au 9 juin 789 points de vente, choisis sur la base de plusieurs critères, et notamment leurs performances. Il en conservera près de 2.400, ce qui lui garde un des réseaux de concessionnaires les plus denses du pays.

Le cabinet spécialisé Edmunds.com a estimé que la suppressions de ces concessionnaires, indépendants du constructeur, pourrait entraîner jusqu’à 38.000 suppressions d’emplois, ce qui correspond à peu près aux effectifs américains de Chrysler.

Mais la direction du constructeur, sans avancer de chiffre, a assuré que le nombre d’emplois perdus serait “très faible”.

En effet près de la moitié (44%) des concessionnaires visés distribuent aussi d’autres marques, et pourraient donc rester ouverts, tandis que d’autres, vendant une centaine de véhicules seulement par an, “représentent une très petite base salariée”.

Le constructeur américain avait compté un maximum de 6.500 concessionnaires aux Etats-Unis au milieu des années 1960, mais n’en comptait déjà plus que 4.320 en 2001, et 3.181 actuellement, selon un document qu’il a transmis au tribunal des faillites.

Actuellement, un quart des concessionnaires Chrysler réalisent environ la moitié des ventes, et la moitié réalisent 90% des ventes. En revanche ceux promis à la fermeture ne contribuent que pour 14% du total.

Honda et Toyota, de leur côté, ont un nombre très inférieur de concessionnaires (1.030 et 1.242 respectivement), ce qui ne les empêche pas de vendre plus de voitures que Chrysler aux Etats-Unis: 1,2 et 1,6 million respectivement l’an dernier, contre un million pour Chrysler.

Quand à General Motors, le numéro un américain au bord du dépôt de bilan, il pourrait selon la presse locale supprimer un millier de ses 3.189 concessionnaires dans le pays.

Le département du Trésor, qui suit de près la restructuration de Chrysler, a souligné que “les sacrifices” demandés étaient “nécessaires pour que cette société et l’industrie automobile réussissent”, mais il a précisé qu’il n’avait joué aucun rôle dans la décision de Chrysler.

L’association représentant les concessionnaires automobiles du pays (NADFA) avait mis en garde contre les “conséquences destructrices” de la disparition des points de vente, et demandé à l’administration Obama ainsi qu’au Congrès de reconsidérer les intentions en la matière de Chrysler et GM, soulignant qu’ils représentent pour les constructeurs des centres de profit, et non de coûts.

Chez Edmunds.com, le directeur général Jeremy Anwyl a souligné qu’effectivement les constructeurs économiseraient peu en réduisant leurs points de vente. En revanche, les concessionnaires conservés en sortiront renforcés.

En janvier, le cabinet de consultants Grant Thornton avait estimé à 2.500, soit à peu près 10% du total, le nombre de concessionnaires automobiles qui pourraient fermer aux Etats-Unis en raison de la crise. Il précisait qu’il faudrait que 5.000 points de vente mettent la clef sous la porte pour que ceux qui restent retrouvent un niveau de ventes équivalent à celui de 2007.

Chrysler, qui avait élaboré un plan de restructuration de concert avec l’administration et le constructeur italien Fiat, a été acculé au dépôt de bilan le 30 avril en raison de l’opposition de quelques créanciers.

Un juge des faillites doit se prononcer le 27 mai sur ce plan, qui vise notamment à annuler plus des deux tiers de la dette du Chrysler, et prévoit un partenariat stratégique avec Fiat. Chrysler espère que ce plan lui permettra de sortir du contrôle judiciaire d’ici à la fin juin.