Allemagne : la crise, boulet dans la course de Merkel pour se succéder à elle-même

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à Aix-la-Chapelle (Photo : Henning Kaiser)

[17/05/2009 08:09:06] BERLIN (AFP) Sous son mandat, l’Allemagne aura connu sa pire récession et battu tous ses records de déficit: Angela Merkel aura du mal à compter sur les performances économiques pour convaincre les électeurs de la maintenir à la chancellerie après les législatives du 27 septembre.

Il lui faudra compter sur sa popularité auprès des Allemands, jamais démentie jusqu’ici: selon le dernier baromètre hebdomadaire de la chaîne télévisée ZDF, en date du 8 mai, 54% d’entre eux souhaitent que Mme Merkel reste à la chancellerie.

Ils ne sont que 31% à réclamer son adversaire social-démocrate (SPD), l’actuel ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier Frank-Walter Steinmeier.

Les Allemands soutiennent toujours cette conservatrice de 54 ans issue de l’ex-RDA, fille de pasteur à l’allure aussi banale que son comportement, physicienne de formation dont les compétences en économie passent pour limitées.

Alors que son pays fête les 60 ans de la Loi fondamentale, la constitution de l’Allemagne fédérale, la chancelière accumule les records historiques négatifs.

Elle même le reconnaît. Cette année est celle “des pires reculs économiques” de notre histoire, a-t-elle affirmé samedi dans son allocation vidéo hebdomadaire.

Mais, a-t-elle ajouté, “nous pouvons regarder vers l’avenir avec confiance fort de notre expérience lors de la reconstruction de l’Allemagne (après-guerre) et lors de la refonte de l’unité allemande” après la réunification de 1990.

Vendredi, la première économie européenne a annoncé un recul de 3,8% de son produit intérieur brut au premier trimestre, le pire chiffre depuis 40 ans.

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émocrate à la chancellerie, le 14 mai 2009 au Bundestag à Berlin (Photo : Michael Kappeler)

Et même si le gouvernement de grande coalition qui réunit sociaux-démocrates et conservateurs croit voir les signes annonciateurs d’une stabilisation, l’Allemagne devrait finir sur une récession de 6% sur l’ensemble de l’année, du jamais vu depuis 1945.

Cette débâcle s’explique avant tout par des caractéristiques structurelles de l’économie allemande, très dépendante des exportations.

Et les difficultés risquent de s’alourdir avec la flambée attendue du chômage, qui a toujours un temps de retard sur la récession.

Les économistes craignent que le nombre de chômeurs dépasse 4 millions cette année, voire 5 millions l’an prochain.

La chute est vertigineuse. En octobre, l’Allemagne passait sous la barre des 3 millions de chômeurs, du jamais vu depuis 1996, alors que quelques mois plus tôt la chancelière jugeait encore que le plein emploi n’était “pas irréaliste.”

La barre des 5 millions de chômeurs avait été atteinte pour la dernière fois en janvier 2005, précipitant le déclin du gouvernement du social-démocrate Gerhard Schröder.

Plus prudente que son prédécesseur qui avait payé cher sa promesse jamais tenue de diviser par deux le nombre de sans-emploi, Mme Merkel ne se risque à aucune prévision.

Qui dit récession dit aussi flambée des déficits publics: d’un côté les recettes fiscales baissent et de l’autre les dépenses augmentent, pour indemniser les chômeurs ou financer des plans de relance.

Les experts estiment à 316 milliards d’euros le manque à gagner fiscal de l’Allemagne d’ici 2012.

Une situation embarrassante pour Angela Merkel, qui comptait faire de la baisse de l’impôt pour les classes moyennes l’une de ses grandes promesses de campagne.

Au lieu de cela, elle reste celle qui a décidé peu après son arrivée au pouvoir en 2005 d’augmenter de trois points la taxe sur la valeur ajoutée, alors que la consommation est chroniquement déprimée en Allemagne.

Alors que son ministre des Finances social-démocrate Peer Steinbrück qualifie “d’illusoire” toute baisse d’impôt, la chancelière doit ramener de l’ordre dans son propre camp, celui des conservateurs, très divisé sur la question.

Mme Merkel a toutefois annoncé à la presse qu’elle accorderait des baisses d’impôts après 2010 en cas de réélection en septembre.