émancipation du delta du Niger (Mend), le 17 septembre 2008 à Warri, au Nigeria (Photo : Pius Utomi Ekpei) |
[18/05/2009 15:20:48] LAGOS (AFP) Le principal groupe armé du sud pétrolifère du Nigeria, le Mend, a ordonné le blocage des routes maritimes utilisées par l’industrie clé du pétrole tandis que l’armée a affirmé lundi avoir libéré quatre Ukrainiens enlevés la semaine dernière.
“Nous avons ordonné le blocage des voies maritimes essentielles, empruntées par les navires pour les exportations de gaz et de pétrole brut et pour l’importation de produits raffinés”, a déclaré le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend) dans un communiqué.
“Cela signifie que désormais, ces bateaux empruntent ces voies à leurs risques et périls”, a ajouté le groupe qui a annoncé une “guerre totale” la semaine dernière.
Mais les forces armées nigérianes, qui ont riposté en lançant une importante opération vendredi, ont appelé les compagnies pétrolières présentes dans le delta du Niger (sud) à ignorer ces menaces.
“Il s’agit de propagande. Ils n’ont pas les moyens de bloquer les routes maritimes. Nos troupes sont sur place pour empêcher tout blocage”, a assuré à l’AFP le colonel Rabe Abubakar, porte-parole de la force mixte police-armée (JTF) opérant dans la région.
La major anglo-néerlandaise Shell, qui compte de nombreuses installations dans le delta du Niger, a pris des mesures pour la sécurité de ses employés.
“Nous allons continuer à surveiller la situation sécuritaire et avons pris des mesures afin de garantir la sécurité de notre personnel et des sociétés travaillant pour nous”, a indiqué à l’AFP Precious Okolobo, l’un de ses porte-parole.
Total n’a pas souhaité faire de commentaire dans l’immédiat.
Carte du Nigeria localisant le delta du Niger |
La JTF a annoncé lundi avoir détruit un camp appartenant à des militants dans l’Etat du Delta (région du delta du Niger), théâtre d’affrontements depuis vendredi.
La force mixte affirme avoir tué “la majorité” des militants de ce camp et n’avoir essuyé aucune perte de son côté.
Dans la matinée, le colonel Abubakar a annoncé la libération par la force mixte de quatre Ukrainiens enlevés vendredi sur un navire dans une crique de l’Etat du Delta. Aucun groupe n’avait revendiqué leur enlèvement.
Selon un des otages libérés, le capitaine du MV Pusan Reafer, il y avait 22 hommes sur le bateau lors de l’enlèvement, indique un communiqué de la JTF, qui ne donne pas d’information sur les 18 autres otages.
Lors de leur opération de ratissage, les forces de sécurité ont libéré ce week-end 13 personnes dont neuf marins philippins capturés le 13 mai.
Le Mend, qui affirme se battre pour les populations misérables du delta du Niger, avait annoncé qu’ils avaient été enlevés par un groupe “affilié” qui avait attaqué deux navires et enlevé des membres d’équipage.
L’enlèvement des Ukrainiens semble être encore un incident séparé.
Le Mend a affirmé avoir détruit ce week-end deux oléoducs récemment réparés et menacé d’en saboter d’autres.
Le groupe a également affirmé que deux otages philippins avaient été tués vendredi par un “bombardement aveugle” de l’armée, ce que l’armée a démenti.
Le delta du Niger, région d’où le Nigeria tire 95% de ses devises, est secoué depuis 2006 par de multiples sabotages d’oléoducs, attaques de navires et enlèvements d’employés locaux et étrangers du secteur pétrolier.
La production de brut nigérian a chuté à environ 1,76 million de barils par jour en avril, selon les derniers chiffres de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), contre 2,6 millions en 2006.