[18/05/2009 21:12:27] PARIS (AFP)
Un verre de lait (Photo : Mychèle Daniau) |
A la veille d’une journée de mobilisation nationale des producteurs contre l’effondrement du prix du lait, plusieurs actions ont déjà eu lieu lundi, amenant certains industriels à souhaiter une reprise des négociations.
Le groupe fromager Bel, connu pour ses marques, La Vache qui Rit, Boursin, Leerdamer ou encore Kiri, a appelé lundi à une reprise des négociations sur le prix du lait.
De son côté, le groupe fromager Bongrain demande une réunion “le plus rapidement possible” de l’ensemble de la filière, producteurs, industriels et coopératives afin de “préciser le cadre des discussions pour les mois à venir”.
Le prix du lait collecté en avril a enregistré une baisse de 30% par rapport à avril 2008, les producteurs touchant environ 210 euros pour 1.000 litres. Ce prix a été “imposé” par les transformateurs faute d’accord au sein de la filière, selon la fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL).
La proposition des industriels de renégocier intervient après une nouvelle série d’actions des producteurs exaspérés par la baisse des prix.
Une centaine de manifestants se sont rassemblés pour une action “symbolique” devant le siège du groupe fromager Bongrain, “fleuron de l’industrie agroalimentaire française”, à Viroflay (Yvelines), à l’appel de la FNPL. Bongrain est taxé du groupe “le plus dur” parmi les producteurs.
Avec des affiches “SOS Lait” ou “Caprice du diable”, ces derniers ont qualifié la situation “d’intolérable”.
En Ille-et-Vilaine, des manifestants bloquaient depuis lundi six plate-formes de la grande distribution. Une autre dans le Calvados, à Lisieux, était aussi bloquée.
Des producteurs étaient attendus lundi soir dans certains départements pour des rassemblements, “avec tracteurs et animaux”, devant les préfectures et sous-préfectures, action qui devait se poursuivre mardi matin avec des “réveils de préfets” entre quatre et cinq heures du matin.
La mobilisation doit trouver son point d’orgue mardi avec une journée nationale d’action, ponctuée, outre le réveil de préfets, par le blocage de centrales d’achat de la grande distribution et la distribution de lait.
Syndicat minoritaire, la confédération paysanne ne se joindra pas à la journée de demain mais a appelé les producteurs du Grand Ouest à se réunir à Rennes le 25 mai.
La FNPL, émanation de la FNSEA à l’origine de la mobilisation, veut dénoncer la politique des pouvoirs publics qu’elle rend responsables de la crise actuelle de la filière laitière.
De son côté, le sénateur UMP de la Manche Jean-François Le Grand a demandé au ministre de l’Agriculture Michel Barnier la nomination d’un médiateur afin de permettre la reprise du “dialogue entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs”.
Le ministère de l’Agriculture s’est limité à déclarer avoir reçu le courrier.
Les politiques sont venus aussi en soutien aux producteurs. José Bové, tête de liste Europe-Ecologie dans le Sud-Ouest pour les européennes du 7 juin, a dénoncé les “politiques néolibérales qui placent toujours les intérêts des grands groupes de l’agroalimentaire” avant ceux des paysans et des salariés.
Tandis que Philippe de Villiers (Mouvement pour la France) et Frédéric Nihous (CPNT), alliés pour les européennes sous la bannière Libertas, ont demandé que les producteurs touchent une plus “juste part” de sa valeur ajoutée.