Chute record du PIB au Japon

[20/05/2009 09:18:41] TOKYO (AFP)

photo_1242794151009-1-1.jpg
à la Bourse de Tokyo, le 18 mai 2009 (Photo : Toru Yamanaka)

Le produit intérieur brut (PIB) du Japon a baissé de 4,0% au cours des mois de janvier à mars 2009 par rapport aux trois précédents, soit une chute de 15,2% en rythme annuel, du jamais vu depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, a annoncé mercredi le gouvernement.

Le Japon traverse actuellement sa pire phase de récession depuis que ce type d’indicateur de la santé économique du pays est calculé. C’est aussi la première fois depuis 1945 qu’il subit quatre trimestres d’affilée de recul de la richesse produite.

La décroissance historique de début 2009, à laquelle s’attendaient les experts, est plus sévère encore que celle enregistrée au premier trimestre 1974, en plein choc pétrolier (-13,1%).

Le gouvernement a également révisé en nette baisse les chiffres du quatrième trimestre 2008, précisant que le PIB avait décliné de 3,8% par rapport aux trois mois antérieurs (-14,4% en rythme annuel), et non de 3,2% sur un trimestre comme il l’avait indiqué précédemment.

Cette longue et vertigineuse réduction d’activité au Japon provient d’un effondrement inédit des exportations, dû à la récession internationale, et d’une nette diminution de la consommation intérieure.

Durant les 12 mois d’avril 2008 à mars 2009, période budgétaire de référence au Japon, la richesse nationale produite a ainsi diminué de 3,5% sur un an, a précisé le bureau du Premier ministre.

Elle pourrait encore perdre de 3,1% à 3,3% au cours de l’année entamée le 1er avril dernier, selon les estimations respectives de la Banque du Japon et de l’Etat, car les deux moteurs de l’économie nippone sont en panne.

La valeur des biens et services exportés a été inférieure de 26% en janvier-mars comparée à celle des mois d’octobre à décembre 2008.

Les plus gros secteurs exportateurs industriels nippons, l’automobile et les produits de hautes technologies, sont parmi les plus durement affectés par la chute de la demande internationale.

photo_1242794274963-1-1.jpg
à Tokyo, le 25 février 2009, contre les suppressions d’emplois de travailleurs temporaires (Photo : Toru Yamanaka)

Au premier trimestre toujours, la demande intérieure (entreprises, foyers, organismes publics) a quant à elle été inférieure de 2,5% comparée à celle des trois mois précédents (-9,8% en rythme annuel).

Les entrepreneurs ont gelé une partie de leurs projets, en attendant que les carnets de commandes se remplissent de nouveau et que les banques soient plus enclines à leur accorder des fonds.

Les investissements non-résidentiels des sociétés privées, qui correspondent grosso modo à leurs dépenses en capital, ont ainsi dégringolé de 10,4% en janvier-mars par rapport à ceux des trois mois précédents, soit un plongeon de 35,5% sur une base annualisée.

Quant aux ménages nippons, inquiets pour leurs revenus et emploi, ils ont freiné leurs dépenses, les concentrant sur les achats prioritaires tout en cherchant les meilleurs rapports qualité/prix.

La consommation des foyers s’est de facto repliée de 1,1% sur un trimestre (-4,3% en termes annualisés).

Après une telle décrue, les économistes espèrent cependant un rebond à partir du deuxième trimestre 2009, voyant poindre quelques signes encourageants comme le regain de la production industrielle en mars (+1,6% par rapport à février).

“Bien sûr, la conjoncture économique est toujours difficile”, convient Koichi Haji, économiste de NLI Research Institute, mais “le choc le plus douloureux est peut-être passé”.

Tous les spécialistes attendent les effets des plans de relance économique décidés par les gouvernements.

Au Japon, l’Etat a mis sur les rails plusieurs trains de mesures coûteux pour les finances publiques, afin de pousser les citoyens à consommer, en subventionnant notamment les automobiles et appareils électroménagers écologiques.

Pour l’ensemble de 2009, le Fonds monétaire international (FMI) prédit toutefois au Japon une décroissance annuelle de 6,2%.