Les candidats à la reprise d’Opel doivent abattre leurs cartes

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Le logo d’Opel (Photo : Jens-Ulrich Koch)

[20/05/2009 13:51:23] FRANCFORT (AFP) Le constructeur automobile General Motors Europe a annoncé attendre au moins trois offres de reprise de sa marque Opel, qui doivent être déposées au plus tard mercredi auprès du gouvernement allemand.

Berlin, qui n’a jusqu’ici vu que des esquisses de projets, avait demandé aux candidats de présenter d’ici 16H00 GMT des offres détaillées avant de décider d’une aide publique à la reprise de la marque allemande.

Car le temps presse pour Opel: sa maison-mère, le groupe américain General Motors, risque fort de déposer son bilan à partir du 1er juin. Ses filiales pourraient alors ne plus obtenir le moindre financement.

GM Europe attend “au moins trois offres” pour Opel, a déclaré à l’AFP un de ses porte-parole. Un porte-parole du ministère de l’Economie a démenti des rumeurs affirmant que trois offres concrètes avaient déjà été déposées.

Elles seront collectées par la banque DresdnerKleinwort, filiale de l’allemande Commerzbank récemment partiellement nationalisée, selon le ministère et GM Europe.

Deux investisseurs sont officiellement intéressés. D’un côté, Fiat, qui vient de monter au capital de Chrysler, veut présenter une offre qui ne sera pas en numéraire mais basée sur l’apport d’actifs, pour ne pas s’endetter au-delà des 19 milliards d’euros qui plombent déjà ses comptes.

Selon un projet baptisé “Phoenix”, dévoilé par les syndicats, Fiat prévoit de fermer six usines en Europe — y compris en Italie — et en Amérique du Sud, avec environ 10.000 suppressions d’emplois.

Résultat, l’italien, dont le patron Sergio Marchionne a multiplié ces derniers jours les entretiens en Allemagne, suscite une vive opposition des syndicats d’Opel.

Ceux-ci ont une préférence pour l’équipementier automobile canadien Magna, adossé au constructeur russe GAZ, qui veut se lancer dans la production de voitures en propre. Il monte déjà des véhicules pour d’autres marques.

Selon une source proche du dossier interrogée par l’AFP, la holding basée à Bruxelles RHJ International, dont le premier actionnaire est le fondateur du fonds d’investissement américain Ripplewood, serait aussi intéressée. “Ils ont un concept très intéressant”, a déclaré Klaus Franz, le chef du comité d’entreprise d’Opel au Financial Times de mercredi.

Un porte-parole de RHJ International a de son côté refusé de commenter.

Parallèlement, les 4.000 concessionnaires européens d’Opel se sont dit prêts à prendre entre 10 et 20% de leur marque, dans le cadre d’un accord plus global avec un investisseur.

En dernier ressort, c’est l’américain GM qui décidera à qui il vendra sa marque européenne, dont il veut garder une participation minoritaire. Mais depuis plusieurs semaines, Berlin s’est beaucoup impliqué dans le sauvetage d’Opel. A cinq mois des élections générales, le dossier est devenu un enjeu de campagne entre les conservateurs et les socio-démocrates de la coalition au pouvoir.

Une décision sur le futur investisseur est attendue au plus tard en début de semaine prochaine, a précisé mercredi devant des journalistes Olaf Scholz, ministre du Travail. “Nous n’avons pas beaucoup de temps”, a-t-il ajouté.

Une fois le candidat choisi, le “processus pourrait durer jusqu’au quatrième trimestre”, en raison de la complexité juridique du dossier, a cependant prévenu le patron de GM Europe, Carl-Peter Forster, dans le magazine auto motor und sport.

C’est pour cette raison que, pour secourir un constructeur qui emploie 25.000 personnes dans le pays, le gouvernement ne se contente plus de parler de garanties publiques sur des crédits. Il privilégie désormais la mise en place d’une société fiduciaire, chargée de gérer temporairement Opel et à qui des banques publiques fourniraient plus d’un milliard d’euros de crédits le temps de finaliser une reprise par un investisseur.