Le Français Xavier Rolet désormais aux commandes de la Bourse de Londres

photo_1242834667831-1-1.jpg
énéral de la Bourse de Londres, Xavier Rolet, à Londres, le 13 février 2009 (Photo : Carl de Souza)

[20/05/2009 15:52:52] LONDRES (AFP) Le London Stock Exchange (LSE), la Bourse de Londres, a changé de tête mercredi, Clara Furse, une des seules patronnes de la City, cédant après huit ans son fauteuil de directrice générale à un Français, Xavier Rolet, banquier qui a fait presque toute sa carrière à l’étranger.

La passation de pouvoir s’est faite à l’occasion de la présentation des résultats annuels du groupe.

Le LSE a connu une perte nette de 338 millions de livres (385 millions d’euros) sur l’année très exceptionnelle pour les marchés achevée le 31 mars, due à des dépréciations comptables après son rachat de Borsa Italiana en 2007.

Mais son activité est restée ferme grâce à la volatilité des marchés et aux tombereaux d’argent levés par les entreprises pour consolider leur capital.

Mme Furse, surnommé “la dame de fer” ou “la reine de glace”, mais détendue mercredi, a présenté en guise de testament des graphiques prouvant l’incroyable développement du LSE sous sa direction depuis 2001.

Elle a notamment souligné qu’avec 21 introductions en Bourse de sociétés étrangères l’an dernier, Londres dépassait largement ses rivales américaines et européennes, NYSE, Nasdaq, Euronext et Deutsche Börse, en termes d’internationalisation de l’activité.

Toutes, à l’exception du NYSE, ont cherché un jour à s’allier au LSE, mais Mme Furse les a toutes repoussées, des batailles qui ont occupé une grande partie de son temps entre 2005 et 2007.

Elle n’a pas paru inquiète de l’émergence de plates-formes alternatives qui grignotent la part de marché du LSE : “celle-ci est résistante”. L’unique regret qu’elle avoue aujourd’hui est de “ne pas avoir obtenu du gouvernement britannique qu’il abaisse la taxation des actions”.

Son seul projet est apparemment de passer “un vrai bon et long été!”. Quant aux qualités qu’il faudra à son successeur, elle assure que “Xavier les a toutes”.

En costume noir, cravate rouge, chemise et pochettes blanches, celui-ci a dit quel “honneur” représentait sa nomination.

M. Rolet, 49 ans, a été préféré à des candidats internes, après une carrière chez Goldman Sachs, Credit Suisse, Dresdner Kleinwort Benson et de 2000 à 2008, Lehman Brothers, la banque américaine dont la chute en septembre a été le détonateur de la crise financière puis économique actuelle.

Un parcours à l’étranger qui lui permet d’apprécier “l’apport des sociétés de méritocratie” comme le Royaume-Uni et les Etats-Unis.

Au LSE, il occupe depuis deux mois un bureau au deuxième étage, celui du trading, et compte y rester. Le septième, celui de la direction sortante, sera réaménagé en lieu de réception. “J’aime être là où ça bouge”, dit-il.

Marié et père de trois enfants, M. Rolet s’intéresse aussi à la pêche, aux rallyes automobiles ou à l’oenologie. Et, quand on l’interroge, en marge de son sacre, sur son enfance passée à Sarcelles, symbole des banlieues tristes françaises, il se lance à bâtons rompus, mais chiffres précis à l’appui, dans un plaidoyer pour la réforme du logement social qu’il aimerait voir mener en France.

Cet homme énergique est à présent très “impatient d’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire du LSE”. Il n’est pas pour la consolidation à tout crin “mais regardera toutes les opportunités”.

Surtout, explique-t-il, la crise a renforcé la globalisation des marchés financiers, avec l’introduction de régulations similaires, un resserrement qui pourrait à terme toucher l’ensemble des structures économiques ou politiques, selon lui.

Dans ce contexte, Londres, avec ses structures déjà implantées, sa position géographique centrale, devrait selon lui voir son rôle renforcé à l’avenir.

“Nous allons vous surprendre”, a-t-il conclu.