Des
initiés ayant un accès direct au secret des dieux affirment que ce qui fait
le plus défaut à la Tunisie moderne, c’est le «lobbying». Il est l’outil des
temps modernes et serait désormais fondamental à un tel point que si notre
pays ne parvient pas à bien négocier certains virages, c’est précisément par
carence de cette «potion magique» que serait le «lobbying».
En gros, il est une chose tentaculaire, nécessaire et incontournable. Une
sorte de club très privé où se jouent les intérêts et se défendent les
économies, mais pas seulement ! Le lobbying se conjugue en politique, dans
les entreprises, dans le public, dans le privé, entre les économies, les
pouvoirs, les politiques, les religions…
Je n’ai toujours pas saisi s’il était un ou plusieurs. Est-il dangereux,
illicite, ou nécessaire pour la survie des entreprises ? Est-il spontané
dans certains pays et plus codifié dans d’autres ? Qu’est-ce que le lobbying
? Quelqu’un en a-t-il la recette exacte et livrable de préférence avec le
mode d’emploi ?
Il est incontestable que de nombreux pays dans le monde se contentent de le
subir. En faisons-nous partie ? Avons-nous les moyens de faire du lobbying
et en connaissons-nous les règles ?
Les questions me semblent valoir leur pesant d’or, mais les réponses se font
rares. Au terme de mes recherches, je ne suis sûre d’avoir compris qu’une
chose : il est dangereux d’en faire et tout autant dangereux de na pas s’y
astreindre.
L’objectif du lobbying est de «faire valoir» et de “pousser” les intérêts
des uns au détriment des autres. Cela s’appelle : aiguiller les choix,
orienter les décisions, faire peser dans la balance, faire du «réseautage»…N’est-ce
pas finalement l’un des plus percutants moyens mis au service de
l’impitoyable concurrence de la compétition planétaire ?
Selon Wikipedia, «le lobbying est une activité qui consiste à procéder à des
interventions destinées à influencer directement ou indirectement les
processus d’élaboration, d’application ou d’interprétation de mesures
législatives, normes, règlements et, plus généralement, de toute
intervention ou décision des pouvoirs publics». En gros, le «lobbysme» est
synonyme de manœuvres de couloirs et de démarchages.
Mais Internet ne vient-il pas bousculer tout cela ?
Selon Gilles Lamarque (auteur du livre «Le lobbying», paru aux éditions
PUF), le lobbying évolue avec Internet qui en révolutionne les pratiques. Le
web ignore les frontières et permet à des personnes désireuses d’exprimer
leur sympathie pour une même cause d’entrer en relation. Le Net facilite
comme aucun autre outil la mise en relation et la création de groupes de
pression. En effet, c’est par ‘’la mise en ligne de l’information sur
l’actualité par le moyen de l’affichage des positions et des revendications
du groupe de pression, par l’envoi de newsletters virtuelles, des
informations aux sympathisants sur les actions conduites et la création
d’espaces de dialogue (chat),… Le tout en nombre quasi-illimité et à des
coûts additionnels très faibles, avec une possibilité d’actualisation en
temps réel. Si les lobbies n’ont pas inventé Internet, ils auraient pu le
faire !’’.
Désormais, un grand nombre de groupes de pression placent Internet au centre
de leur stratégie de communication, visant ainsi indistinctement leurs
sympathisants, les pouvoirs publics et les médias. Gilles Lamarque précise
que «sur la toile, les lobbies sont aujourd’hui nombreux à offrir des
services assez voisins : cyber-pétitions, cyber-manifestations,
cyber-sondages, cyber-liens, etc. La constitution d’un site Internet offre
même aux militants que n’effraie pas la délinquance informatique, la
possibilité de verser leur obole. En outre, et ce n’est pas le moindre
avantage de l’outil, Internet permet d’envoyer des messages réguliers aux
sympathisants et donc, toujours à coût très réduit, d’entretenir l’ardeur
militante de la communauté».
Les récentes élections américaines ont démontré, entre autres, le pouvoir du
cyber-réseautage. Le monde bouge et les pratiques changent avec lui. Les
plus enthousiastes à la thèse de l’évolution du lobbying sur le Net, pensent
que les groupes de pression vont se doter d’équipes et de sites de loin plus
performants qu’aujourd’hui pour répondre aux questions, aux sollicitations
et aux diverses sollicitations du cyber-lobbying. L’histoire prouve que le
lobbying en tant que lieu s’est souvent assimilé aux groupes eux-mêmes.
Élira-t-il désormais domicile sur la toile ?
L’origine du mot anglais «lobby» signifie littéralement vestibule ou
couloir. Chez les Américains, ce mot désigne aussi l’enclos dans un champ,
où sont rassemblés les animaux avant d’être envoyés à l’abattoir. C’est de
fait «l’antichambre du pouvoir» et dans un second degré «l’antichambre de la
mort».
Chez les Romains, le «Littré» ou «vestibulum» est l’espace laissé «entre la
porte de la maison et la rue, pour que ceux qui venaient saluer le maître de
la maison ne fussent pas dans la rue sans être pourtant dans la maison».
Dans toutes les cultures et les temps confondus, le lobbysme intervient
souvent dans des espaces d’influence proches des politiques, des médias et
de l’argent. Aujourd’hui, il s’impose comme une activité structurée avec une
analyse de l’environnement et un système de veille pour éviter les mauvaises
surprises.
Dans nos cultures, les acteurs proches de ce modèle se déploient à l’ombre,
préférant agir dans les «coulisses» d’un système alambiqué, où les intérêts
des sphères politique et économique sont étroitement enchevêtrés.
Les Etats-Unis restent la capitale mondiale du lobbying. En effet, qualifié,
à tort ou à juste titre, d’art, il peut s’avérer une véritable arme. A
Washington DC, on récence pas moins de 6.000 organisations et 25.000
lobbyistes. On s’y consacre au sein de cabinets d’avocats influents,
d’agences de communication et d’influence et de groupements professionnels…
Dans le monde, peu de pays ont développé ce genre d’influence. La majorité y
reste encore hésitante mais s’y éveille assurément. Via leur communauté
puissante et fortement présente, notamment aux Etats-Unis ou en Europe, les
pays émergents posent leurs pièces sur un échiquier en perpétuel mouvement.
Franklin Roosevelt, alors président des Etats-Unis, déclara un jour :
‘’Nothing just happens in politics. If something happens you can be sure it
was planned that way”. A vous d’en tirer les conclusions qu’il convient !