Washington renfloue encore une fois GMAC et étend son emprise sur l’économie

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à Miami, aux Etats-Unis (Photo : Roberto Schmidt)

[22/05/2009 04:21:20] WASHINGTON (AFP) L’Etat américain a une nouvelle fois renfloué la société de crédit automobile GMAC, en lui apportant 7,5 milliards de dollars supplémentaires, après 5 milliards en décembre, au risque de se faire accuser d’étendre démesurément son emprise sur l’économie.

“Cet investissement permettra à GMAC d’accorder de nouveaux prêts aux concessionnaires et aux clients de Chrysler et l’aidera à faire face à ses besoins de financements” tels qu’ils ont été identifiés à l’issue du test de résistance imposé aux banques, a indiqué jeudi le ministère dans un communiqué.

L’audit mené par les pouvoirs publics sur la société, qui offre aussi des services bancaires traditionnels et du crédit immobilier, avait fait apparaître en début de mois un besoin de 11,5 milliards de dollars, dont 9,1 milliards de dollars sous forme de fonds propres “durs”.

GMAC, qui s’est vu accorder le statut de banque fin décembre, est l’ancienne division financière de General Motors. La société est actuellement détenue à 51% par un groupe d’investisseurs réunis autour du fonds Cerberus, qui détenait Chrysler avant sa faillite, et à 49% par GM, lui même en graves difficultés.

Le Trésor a pris soin de préciser que son nouvel investissement s’effectuerait sous formes de titres préférentiels, sans droit de vote.

Mais il a par ailleurs décidé de convertir en actions GMAC un prêt de 884 millions de dollars consenti à General Motors lors du premier sauvetage de la société de services financiers en décembre. Cela va lui conférer 35,4% du capital ordinaire de GMAC “dans un futur très rapproché”.

La participation de l’Etat pourrait encore augmenter car les titres souscrits par le Trésor peuvent également être convertis en actions ordinaires.

Des responsables gouvernementaux ont indiqué que l’Etat pouvait désormais monter à plus de 50% dans GMAC. Mais le groupe va continuer d’être dirigé par son conseil d’administration, actuellement en cours de renouvellement et où vont faire leur entrée deux représentants du Trésor.

Au pays de la libre-entreprise, l’Etat américain est accusé d’élargir démesurément son influence sur l’économie, après avoir nationalisé l’assureur AIG, placé sous tutelle les organismes de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae et maintenant en prenant une part substantielle de GMAC. L’Etat risque aussi de se retrouver au volant des constructeurs automobiles GM et Chrysler lorsque ceux-ci achèveront leur restructuration.

Quelques heures plus tôt, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner s’était défendu par avance des accusations d’étatisation.

“Je ne soutiendrais pas un programme conçu pour nous permettre de nationaliser des banques ou d’autres entreprises pour des raisons politiques”, avait-il déclaré devant une commission de la Chambre des représentants.

Mais pour le sénateur républicain Richard Selby, l’affaire est sans fin. “Nous avons injecté beaucoup d’argent dans GMAC il y a plusieurs mois. Maintenant, ils sont de retour au guichet et ils s’y représenteront probablement de nouveau” encore par la suite, a-t-il déclaré, avant l’annonce officielle du Trésor, sur la chaîne de télévision Bloomberg TV.

Le Trésor a précisé que les 7,5 milliards de dollars apportés serviront pour 4 milliards à financer la vente de voitures Chrysler et pour 3,5 milliards à renforcer les fonds propres de GMAC.

Selon des responsables du gouvernement, grâce à la conversion du prêt en actions ordinaires, GMAC n’a plus à trouver que 5,6 milliards de fonds propres durs pour se mettre en conformité avec les demandes du régulateur.

Le groupe doit préciser le 8 juin la façon dont il compte rassembler cette somme.