Pologne : Lech Kaczynski se prononce contre l’adoption rapide de l’euro

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ésident polonais Lech Kaczynski, le 16 avril 2009 à Vilnius (Photo : Petras Malukas)

[22/05/2009 12:59:44] VARSOVIE (AFP) Le président polonais Lech Kaczynski s’est prononcé vendredi contre une adoption prochaine de l’euro en Pologne, estimant qu’elle nuirait à l’économie du pays en période de crise.

“L’adoption de l’euro n’est certainement pas la panacée contre tous les maux provoqués par la crise. Au contraire, dans un contexte de crise mondiale et de ralentissement économique, une telle opération serait pour la Pologne très risquée”, a déclaré le président conservateur devant la Diète (chambre basse).

Le gouvernement libéral de Donald Tusk a longtemps évoqué le cap de 2012 pour l’entrée de son pays dans la zone euro.

“Cet objectif est présenté comme radeau de sauvetage où l’on serait à l’abri des variations de change. Est-il vraiment sensé de renoncer si rapidement au zloty en tant que monnaie nationale qui nous donne la possibilité de mener une politique monétaire indépendante?”, a lancé le président.

Le maintien d’un lien étroit du cours du zloty avec la devise européenne “exigera des politiques budgétaire et monétaire restrictives”, a-t-il averti. “Il en résulterait un frein supplémentaire à la croissance économique et la poursuite de la hausse du chômage”, a-t-il affirmé.

Afin d’adopter l’euro en 2012 la Pologne souhaite rejoindre le système ERM2 au premier semestre de 2009, avait déclaré en mars le ministre polonais des Finances, Jan Rostowski, en admettant par la suite que ces dates n’étaient pas “un dogme”.

Le système ERM2 prévoit que tout pays candidat à la monnaie européenne doit voir pendant au moins deux ans les variations du taux de sa monnaie nationale évoluer dans une fourchette limitée à plus ou moins 15% face à l’euro.

Le président conservateur, que des rivalités personnelles et politiques opposent à Donald Tusk, a accusé l’exécutif d’inaction face à la crise.

Alors que le gouvernement ne cesse de souligner que la Pologne est relativement épargnée par la crise économique mondiale, M. Kaczynski a relevé la baisse ces derniers mois de la production industrielle et des investissements, accompagnée de la hausse du chômage et de l’inflation.

“On ne peut ignorer les signes annonciateurs de la stagnation, voire de la récession”, alors que le gouvernement “semble ne pas prendre conscience de la gravité de la situation”, a-t-il dit.

Lech Kaczynski a réclamé d’urgence un collectif budgétaire, tout en mettant en garde contre des coupes claires dans les dépenses, susceptibles, selon lui, de freiner la croissance.

“J’appelle le gouvernement à ne pas limiter les dépenses. Les pays occidentaux, qui ont une bien plus grande expérience de la façon de faire face à des crises économiques, stimulent la demande alors que la Pologne fait l’inverse (…) Des coupes automatiques aux dépenses, c’est une voie qui ne mène nul part”, a-t-il affirmé.

En lui répondant, le ministre des Finances a fermement défendu “la voie polonaise” de lutte contre la crise, différente de celle choisie par d’autres pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou l’Allemagne, qui ont injecté des milliards dans les secteurs en difficulté.

“Nous ne cumulons pas de dettes pour l’avenir. Nous avons choisi une autre voie que les gouvernements d’autres pays”, a dit Jan Rostowski devant les députés.

“Il n’est pas du tout évident qu’un déficit élevé puisse stimuler l’économie”, a martelé le ministre, en citant la baisse prononcée du PIB au premier trimestre de 2009 dans la plupart des grands pays occidentaux, comparée à une petite croissance en Pologne.

Le gouvernement de Tusk prévoit cette année une croissance du Produit intérieur brut d’entre 0,3% et 2%, ainsi qu’un déficit budgétaire allant jusqu’à 4,6% du PIB. Les prévisions de la Commission européenne pour la Pologne sont bien plus pessimistes et tablent sur une récession de 1,4% et un déficit de 6,6% du PIB.