Visite sous bonne garde de Fillon au sud du Nigeria, zone clé pour Total

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Francois Fillon (C) au large de Port Harcourt le 23 mai 2009 (Photo : Pius Utomi Ekpei)

[23/05/2009 20:44:27] PLATEFORME PETROLIERE D’AKPO, Nigeria (AFP) Le Premier ministre François Fillon a achevé samedi une tournée africaine entamée au Cameroun par le sud du Nigeria, une région en proie aux violences mais également zone “stratégique” pour le groupe français Total, dont il a visité une plateforme pétrolière.

Accompagné d’une escorte policière et militaire comptant plusieurs dizaines d’hommes lourdement armés, équipés de véhicules blindés légers, le Premier ministre a d’abord visité un chantier naval français à Onné, porte maritime de la ville de Port Harcourt, dans le delta du Niger.

Premier dirigeant français à se rendre dans le géant anglophone de l’Ouest africain depuis le président Jacques Chirac en 1999, il a martelé que le delta du Niger était “une région stratégique”, une “zone économique majeure”.

Secoué par un regain de violences depuis environ une semaine, notamment de la part du Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend), le coeur économique du Nigeria est aussi victime d’actes de brigandages et de piratages fréquents, visant en priorité les intérêts pétroliers.

La veille, le Premier ministre français avait proposé au président nigérian Umaru Yar’Adua d'”assister” l’armée nationale pour sécuriser la zone, en assurant “la formation d’unités” et en mettant “le cas échéant” des “moyens” à sa disposition.

“Nous estimons le manque à gagner résultant des prises d’otages et sabotages à environ 500.000 barils par jour” pour l’ensemble des pétroliers présents dans le delta, a assuré le le directeur général de Total Christophe de Margerie, qui accompagnait dans sa visite le dirigeant français.

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çois Fillon et le président nigérian Umaru Musa Yar’adua, le 22 mai 2009 à Abuja (Photo : Emmanuel Wole)

Total, qui réalise 15% de sa production africaine au Nigeria, entend accroître cette part à l’avenir. “C’est certainement l’une des régions du monde qui est l’un des plus beaux fleurons à long terme”, a assuré son dirigeant.

Du coup, les responsables du groupe ont peaufiné leur accueil pour le chef du gouvernement sur la toute nouvelle plateforme d’Akpo, à quelque 110 km des côtes: tapis rouge, haie d’honneur des ouvriers et rillettes du Mans – par plus de 30 degrés – pour faire plaisir à ce Sarthois d’origine.

“C’est pour moi l’occasion de venir rendre hommage à une très grande entreprise française” qui “réalise ici une véritable prouesse technologique”, a salué le Premier ministre à propos de cet investissement de 6 milliards de dollars.

Interrogé sur le fait de savoir si ce déplacement n’était pas “une opération de communication pour Total”, M. Fillon a rejeté ce “sport national français qui est de dénigrer les grandes entreprises qui sont la force de la France”.

En mars dernier déjà le Premier ministre avait pris la défense du groupe français, au coeur d’une polémique pour avoir annoncé 555 suppressions d’emplois en France malgré des bénéfices record, prenant notamment le contre-pied de son son secrétaire d’Etat à l’Emploi, Laurent Wauquiez.

Deuxième investisseur étranger au Nigeria, derrière les Etats-Unis, Paris espère pouvoir continuer à être un acteur économique majeur dans ce pays d’environ 140 millions d’habitants, qui aspire à devenir l’un des géants économiques de l’Afrique malgré ses gros retards de développement.

“Nous voulons faire de notre relation un exemple et une référence en Afrique”, avait déclaré la veille le Premier ministre français au siège de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédédao), à Abuja.

François Fillon, qui avait démarré sa première tournée en Afrique par une visite de deux jours au Cameroun, avant de se rendre vendredi au Nigeria, s’est envolé pour Paris en fin de journée.