Venezuela : Hugo Chavez accélère l’étatisation de l’économie

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ésident du Venezuela Hugo Chavez salue la foule, le 23 mai 2009 à Quito (Photo : Rodrigo Buendia)

[24/05/2009 08:31:49] CARACAS (AFP) Le président socialiste du Venezuela, Hugo Chavez, acculé par la baisse des prix du pétrole, principale ressource du pays, a donné un coup d’accélérateur à l’étatisation de l’économie, en nationalisant cinq entreprises sidérurgiques et une grande banque.

Le chef de file de la gauche antilibérale en Amérique latine amplifie ainsi la politique de nationalisation des industries stratégiques entamée en 2007, avec le secteur pétrolier, les télécommunications et l’électricité.

Une nouvelle vague en 2008 avait concerné la sidérurgie, la cimenterie et les banques.

La dernière impulsion a été donnée début mai, avec l’adoption par le parlement d’une loi octroyant à l’Etat le contrôle de différentes activités et services liés au secteur des hydrocarbures.

Depuis, le gouvernement de ce pays riche en ressources pétrolières a exproprié au moins 76 entreprises dans ce secteur.

“Nous sommes en train de libérer la patrie, de construire le socialisme avec les travailleurs. Ces entreprises appartiennent désormais au peuple”, a déclaré Hugo Chavez il y a deux semaines après les premières expropriations.

Jeudi soir, il a annoncé la reprise en main par l’Etat de cinq entreprises sidérurgiques, en partie détenues par des capitaux étrangers (argentins, mexicains, italiens, les Japonais Kobe Steel et Mitsui, ou le britannico-australien BHP Billiton), affaiblies par la chute des cours internationaux et confrontées à des conflits sociaux.

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à Moron (Venezuela), le 30 avril 2009 (Photo : Thomas Coex)

“Il faut lutter contre les mafias, la mauvaise gestion, les comportements déviants, les vices (…) qui sont encore d’actualité et représentent une menace pour la révolution socialiste”, a déclaré M. Chavez pour justifier leur nationalisation.

Ramon Gomez, secrétaire d’un syndicat du secteur (CVG), regrette cependant que le président vénézuélien n’ait mentionné que les entreprises manufacturières, alors que les industries de base de la métallurgie concentrent la majorité des problèmes, selon lui.

“Il a contourné le problème. C’est une décision du parti socialiste prise sans concertation avec les syndicalistes qui ont des idées divergentes”, déplore-t-il.

Pour Asdrubal Oliveros, du cabinet Econalitica, la dernière vague de nationalisations a un double objectif “idéologique et économique”.

“Chavez ne renonce pas à son projet socialiste, mais il invente une forme très personnelle de faire face à ses dettes. Il nationalise, parce qu’il n’y a plus de ressources. C’est une manière de se soustraire de manière temporaire voire définitive à ses engagements financiers”, estime l’analyste.

Le baril de brut vénézuélien se négocie aux environs de 40 dollars depuis le début de l’année alors que le budget de l’Etat — alimenté à 50% par le pétrole — tablait pour 2009 sur 60 dollars.

Selon une étude publiée vendredi par le quotidien El Universal, s’appuyant sur des chiffres de la Banque centrale, le secteur public représente désormais 29,5% de l’économie vénézuélienne.

Avec l’accord de nationalisation de Banco de Venezuela, racheté officiellement vendredi au groupe espagnol Santander pour 1,05 milliard de dollars, l’Etat s’est converti en principal acteur du marché financier.

“Chavez pense à sa survie à court terme”, affirme encore M. Oliveros. “Le président utilise tous les leviers possible pour éviter un ralentissement significatif, tout en comptant sur une reprise de la hausse des cours du pétrole.”

Elle serait également la bienvenue pour régler la facture des nationalisations. Certaines prises de contrôle sont en effet toujours en attente du paiement par l’Etat des indemnisations aux anciens propriétaires, notamment dans la cimenterie.