ège de Magna à Aurora (Ontario), le 11 mai 2009 (Photo : Geoff Robins) |
[24/05/2009 10:23:40] MONTREAL (AFP) L’histoire de l’équipementier automobile canadien Magna International, candidat à la reprise d’Opel, marque allemande du groupe américain General Motors (GM), est la “success story” d’un Autrichien arrivé au Canada avec 200 dollars en poche.
En cinquante ans, Frank Stronach, alias Franz Strohsack, a fait d’un banal atelier de peinture et de fabrication de pièces de Toronto l’un des plus grands équipementiers automobiles au monde.
A 76 ans, il pourrait maintenant élever Magna au rang des constructeurs.
GM a confirmé mercredi que Magna, l’Italien Fiat et la holding RHJ International ont déposé une offre de reprise pour Opel et, selon le ministre allemand du Travail, le choix du futur investisseur sera annoncé au plus tard en début de semaine prochaine.
Selon le quotidien américain Detroit News, GM privilégie Magna pour la reprise d’Opel, car selon sa proposition le constructeur américain pourrait conserver 35 à 40% de sa marque allemande.
Ironie de l’histoire, GM a été à l’origine de la fortune de Frank Stronach, qui avait signé en 1960 un premier contrat avec le constructeur pour la fourniture d’attaches de pare-soleil, permettant à la petite entreprise qu’il avait lancée trois ans plus tôt de prendre son envol.
Joli coup pour cet homme né le 6 septembre 1932 dans la petite ville de Weiz, dans le sud de l’Autriche, qui avait quitté l’école à 14 ans et émigré au Canada en 1954 avec pour toute expérience une formation d’apprenti dans un atelier de fabrication d’outils.
Après avoir changé son nom et exercé plusieurs petits boulots, dont celui de plongeur, il avait lancé en 1957 son entreprise, Multimatic, dont il était le seul employé.
En 1967, il fusionne Multimatic avec une autre société qu’il a entretemps créée et inscrite en Bourse, Magna Electronics Corp. Celle-ci devient Magna International en 1973 et, de tableaux de bord en systèmes de freinage, ses ventes dépassent les 150 millions de dollars dès la fin de cette décennie.
Après une croissance fulgurante dans les années 1980, le groupe est contraint au début des années 1990 à une restructuration douloureuse mais réussie.
Magna s’engage alors dans une diversification géographique en rachetant plusieurs fournisseurs de pièces européens ainsi que la holding Steyr-Daimler-Puch, mettant la main sur une première chaîne de montage de véhicules à Graz, en Autriche.
Aujourd’hui, Magna y assemble des véhicules pour le compte de Saab, autre marque de GM, BMW, Mercedes-Benz et Chrysler, un cas unique parmi les équipementiers de la planète.
Etabli à Aurora, en Ontario, au nord de Toronto, Magna se targue d’être l’équipementier “le plus diversifié de la planète”. Il emploie 70.000 personnes dans 326 centres de fabrication et de recherche-développement dans 25 pays.
Après des années de rentabilité, Magna traverse actuellement l’une des périodes les plus difficiles de son histoire, conséquence de la crise que traversent les constructeurs américains et européens, ses principaux clients.
Il a subi une perte de 200 millions de dollars américains pendant la période de trois mois close le 31 mars, ce qui a porté à 563 millions de dollars ses pertes depuis juillet dernier. Son chiffre d’affaires trimestriel a aussi chuté de 46%, à près de 3,6 milliards de dollars, conséquence notamment des difficultés de GM, son premier client, qui comptait pour 19% de ses ventes.
Malgré ces difficultés, Magna, qui est associé au constructeur russe GAZ pour son offre sur Opel, conserve les moyens de ses ambitions: il dispose de 1,7 milliard de dollars en liquidités et peut puiser 1,8 milliard de dollars supplémentaire sur une ligne de crédit inutilisée.