La Tunisie, qui a accepté d’adhérer, depuis 2006, tout autant que l’Algérie,
le Maroc, le Liban, la Jordanie l’Egypte et la Palestine, aux négociations
régionales avec l’Union européenne sur la libéralisation des échanges des
produits agricoles, n’a pas beaucoup avancé dans cette voie.
C’est du moins ce qui ressort d’une communication faite, jeudi 21 mai,
devant les sénateurs par M. Badreddine Ben Ammar, directeur général des
études et du développement agricole au ministère de l’Agriculture et des
ressources hydrauliques.
M. Ben Ammar a rappelé que l’Accord d’Association conclu, en 1995, entre la
Tunisie et l’UE prévoit un arrangement spécial pour le volet agricole en
raison de la sensibilité de ce secteur aussi bien en Europe qu’au sud de la
Méditerranée.
Cet accord permet à la Tunisie d’exporter, dans des conditions avantageuses,
ses produits agricoles (exonérations fiscales, quotas tarifaires, baisses de
droits de douane, institution de périodes d’export spéciales…).
Ces avantages révisés, tous les cinq ans, ont été réexaminés une première
fois en 2000 et reconduits en 2001, dans le cadre de nouveaux protocoles.
Les résultats de ces protocoles ont été relativement décevants pour la
Tunisie. Ainsi, en dépit de l’accroissement des exportations alimentaires
vers l’espace européen et la réalisation d’un excédent positif en faveur des
exportateurs tunisiens, la Tunisie n’est jamais parvenue ni à satisfaire ni
à exploiter comme il se doit ses quotas à l’exportation vers le marché
européen.
Par contre, la partie européenne a exploité totalement ces quotas des 12 et
15 produits exportés vers la Tunisie dans le cadre des protocoles de 1995 et
de 2000.
Au nombre des difficultés qui n’ont pas permis à la Tunisie d’honorer ses
quotas figurent : les prix d’accès et les périodes d’exportation imposées,
l’irrégularité de l’offre agricole tunisienne en raison des aléas
climatiques, la recrudescence de la concurrence locale concernant certains
produits (agrumes et pommes de terre…) et enfin l’inefficacité de la
promotion des produits agricoles à l’étranger.
En 2005, la partie européenne a proposé aux Sud-méditerranéens «une feuille
de route agricole» préconisant une nouvelle démarche de négociations
différente des protocoles antérieurs lesquels ont montré beaucoup de
limites.
La nouvelle feuille de route suggère une libéralisation graduelle des
échanges des produits agricoles avec comme date butoir l’année 2013 et
recommande, parallèlement, une prise en considération des écarts de
développement agricole entre le sud et le nord de la Méditerranée.
Elle fait mention de l’exclusion de certains produits sensibles du processus
de libéralisation totale des échanges. c’est ce que la feuille de route
appelle «la liste négative» .
La partie européenne a prévu des mesures d’accompagnement devant aider les
pays sud-méditerranéens à gérer les retombées de leur adhésion au régime de
libre-échange des produits agricoles.
Ces mesures consistent à mettre à niveau les secteurs agricoles au sud de la
Méditerranée, à améliorer sa compétitivité, à valoriser et à diversifier
leur production. Il s’agit également de les aider à promouvoir des produits
à forte valeur marchande tels que les produits bio et les techniques de
promotion (labellisation et traçabilité).
En vertu de ce tableau de bord, l’Union européenne s’engage à créer de
nouvelles aires d’échange libre et d’apporter une assistance
multidimensionnelle (législative, institutionnelle et administrative…),
l’ultime but étant de faciliter l’accès des produits tunisiens aux marchés
extérieurs.
Actuellement, la Tunisie est au stade initial de la feuille de route. Elle
s’est mise d’accord avec l’UE sur le principe de libéraliser certains
produits tandis que d’autres principes exigent encore beaucoup d’efforts
pour rapprocher les points de vue.
Plus simplement, il faut comprendre que les négociations sur les listes de
produits et sur le calendrier de la libéralisation de leurs échanges n’ont
pas encore commencé.