[26/05/2009 14:51:03] PARIS (AFP)
é à Lille (Photo : Denis Charlet) |
La consommation des ménages français en produits manufacturés a progressé en avril (+0,7%) pour le deuxième mois consécutif, signe pour le gouvernement et les économistes que ce traditionnel moteur de la croissance française résiste au choc de la récession.
Selon Alexander Law du cabinet Xerfi, cette hausse “constitue une très bonne performance par les temps qui courent et ce, même si les données de mars ont été révisées nettement à la baisse (-0,5 point à +0,6%)”.
“De fait, la consommation privée reste le dernier moteur encore allumé dans l?économie française, grâce au surcroît de pouvoir d?achat permis par la modération de l?inflation. Il faut en profiter tant que ça dure: les prix à la consommation regrimperont inéluctablement d?ici la fin de l?année, tandis que le chômage continue de flamber et que les revalorisations salariales sont faméliques”, analyse l’économiste.
Dans l’entourage de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, on notait également avec satisfaction la “bonne résistance de la consommation en France”, “moteur essentiel de la demande” qui “permet d’espérer une reprise de l’activité économique à moyen terme dans de bonnes conditions”.
Cette tendance “conforte l?analyse de la situation par le gouvernement qui considère que les mesures de relance doivent porter d?abord sur l?investissement”, estime-t-on à Bercy.
Toutefois, “la contraction de l?activité en 2009 devrait être importante et la convalescence de l?économie française devrait durer plusieurs trimestres”, souligne-t-on de même source.
La résistance de la consommation “s?explique principalement par la vigueur retrouvée du secteur automobile”, note Marc Touati (Global Equities). Les dépenses dans ce secteur ont en effet flambé de 3,7% sur le seul mois d?avril et de 5,8% sur un an.
“Autrement dit, la prime (à la casse) de l’Etat et les promotions des différents constructeurs ont porté des fruits aussi juteux qu?inespérés”, dit-il.
“Mais ce comportement positif n?est pas seulement observable dans l?automobile”, relève l’économiste. “Ainsi, après deux mois de baisse, les dépenses dans l?équipement du logement ont progressé de 0,8%. De même, après une flambée de 3,8% lors des soldes de janvier, puis une correction de – 7,5% en janvier, la consommation en textile-cuir a non seulement rebondi de 3,6% en mars, mais a aussi continué de croître de 0,3% en avril”, ajoute M. Touati.
Dans le seul champ “commerce” (commerce de détail), les dépenses des ménages en produits manufacturés progressent également en avril de 0,1% (après +1,0% en mars.
Reste à savoir si cette bonne tenue des dépenses des ménages pourra durer. “A court terme, pourquoi pas. Mais on ne peut pas tout espérer de la désinflation”, répond Alexander Law.
“Si l’augmentation du chômage et la légère remontée des prix du pétrole amoindriront inévitablement les dépenses des ménages, il est clair que la baisse des taux d’intérêt, la poursuite de la faiblesse de l’inflation et un taux d’épargne à quasiment 16% empêcheront la consommation de s’effondrer”, tempère Marc Touati.
Selon Frédérique Cerisier (BNP Paribas), après une progression de 0,3% au premier trimestre 2009, les données d’avril augurent toutefois d’une faible hausse des dépenses au deuxième trimestre, “la bonne tenue des ventes de véhicules contrastant avec un repli plus franc des ventes” dans le commerce de détail.