IDE : La Méditerranée plus attractive que les pays de l’Est

Les premiers pays de l’Est intégrés à l’Union européenne (UE) ne sont plus
une destination de choix pour y délocaliser des unités de production
industrielle ou des activités de services. Et cela, au profit de certains
pays du Maghreb (la Tunisie, classée en 2007 au 28ème rang, est aujourd’hui
17ème) et du Moyen-Orient (Egypte et Jordanie), qui prennent la relève.

Telle est l’une des principales conclusions d’une étude publiée, mardi 19
mai, par le cabinet de conseil en stratégie A. T. Kearney, sur “Les
changements géographiques des délocalisations” pour les activités de
services.

Les premiers éléments du Rapport annuel de la Conférence des Nations unies
sur le commerce et le développement (Cnuced) sur les investissements directs
étrangers (IDE), publié mercredi 20 mai, confirment cette perte
d’attractivité des pays de l’Est. Les IDE ont chuté de 28% en Pologne en
2008, soit légèrement plus que la moyenne des pays développés (-25,3 %). Et
si les flux sont encore positifs en République tchèque (+2,6%) et en Hongrie
(+7,7%), cela pourrait ne pus durer.

Pour l’instant, la Roumanie et la Bulgarie, dont l’adhésion à l’UE ne date
que depuis le 1er janvier 2007, restent encore des destinations séduisantes.
En 2008, les IDE ont augmenté de 34,1% en Roumanie. Mais il est fort
probable que les avantages compétitifs de ces pays s’amenuiseront assez
rapidement, comme cela a été le cas pour leurs prédécesseurs, estime Norbert
Jorek, associé chez A.T. Kearney à New York et coauteur de l’étude sur les
délocalisations.

Car, lorsqu’en mai 2004 les dix premiers pays de l’Est avaient rejoint l’UE,
le faible coût de leur main-d’oeuvre et leur proximité géographique avec les
pays européens développés en faisaient une destination de choix. D’autant
que leurs marchés restaient à conquérir. S’implanter sur leur sol présentait
donc de multiples avantages économiques, tant pour servir leur marché
intérieur que pour l’exportation.

Mais ces avantages se sont amenuisés en quelques années. La République
tchèque ne figure plus qu’à la 32e place du classement 2009 des pays où il
est le plus intéressant de délocaliser des activités de services. Ce pays
était classé au 4e rang en 2004. La Slovaquie, la Pologne et la Hongrie ont
également chuté. A l’inverse, l’Egypte est passée en deux ans de la 13e à la
6e place et la Tunisie du 28e au 17e rang.

L’écart entre les coûts de production et de main-d’oeuvre des pays de l’Est
et ceux des pays développés s’est amoindri. “Surtout pour les pays proches
de l’Europe de l’Ouest, comme la Hongrie et la Pologne. Le renchérissement a
été moindre en Estonie et en Lettonie. Mais ces pays n’ont pas un réservoir
de main-d’oeuvre qualifiée suffisant”, explique M. Jorek.

Les pays comme la Slovaquie, qui sont désormais entrés dans la zone euro, se
renchérissent comparés aux destinations en zone dollar. Quant à
l’affaiblissement du zloty polonais et de la couronne tchèque vis-à-vis de
l’euro, il est déjà perçu comme un avantage compétitif passager sur lequel
on ne peut baser des décisions d’investissements à moyen et long terme.

La qualité et la disponibilité de la main-d’oeuvre égyptienne sont par
ailleurs mieux notées par A. T. Kearney que celles de la Hongrie, de la
Slovaquie ou de l’Estonie. Or, ces critères deviendront prépondérants,
estime M. Jorek. “Pour certaines firmes comme les sociétés d’ingénierie, le
coût n’est plus le problème. Elles cherchent à s’implanter dans des pays où
elles trouveront des ingénieurs de qualité et en nombre suffisant”,
affirme-t-il.

Il est ainsi convaincu que la crise ne ralentira que temporairement le
mouvement de délocalisation. Si des entreprises aidées par les
gouvernements, comme Renault en France, renoncent actuellement à ce type de
projet, elles y reviendront plus tard.

D’autant que les difficultés actuelles contraignent également les
entreprises à modifier leur organisation pour serrer encore davantage leurs
coûts. Les banques, en particulier, qui furent les premières entreprises de
services à délocaliser une partie de leur activité – services informatiques
et centres d’appels, par exemple. Des activités aujourd’hui réalisées pour
beaucoup moins cher en Inde, par du personnel anglophone, pour les firmes
américaines ; et pour beaucoup moins cher au Maghreb, par du personnel
francophone, pour les françaises.

Ces enquêtes sont consultables sur Atkearney.com et Unctad.org

(D’après Le Monde)

– Tous les articles sur
IDE