L’économie russe s’enfonce dans le rouge, le PIB chute de plus de 10%

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ésident Dmitri Medvedev en réunion avec des chefs d’entreprise, le 26 mai 2009 à Barvikha (Photo : Natalia Kolesnikova)

[26/05/2009 13:59:00] MOSCOU (AFP) L’économie russe s’enfonce dans le rouge avec une chute de 10,5% du PIB en avril et un déficit budgétaire revu à la hausse selon des estimations présentés mardi, tandis que le président Dmitri Medvedev appelle l’Etat à se serrer la ceinture.

“Le PIB a baissé de 9,8% sur quatre mois (janvier à avril) et pour le seul mois d’avril de 10,5%” par rapport à la même période de 2008, selon des données préliminaires, a déclaré le vice-ministre du Développement économique Andreï Klepatch, cité par les agences russes.

La chute s’accélère donc après un recul de 9,5% du PIB en mars et de 7,3% en février en glissement annuel.

Pour l’ensemble de 2009, l’économie devrait se contracter de 6 à 8%, a rappelé M. Klepatch. Le gouvernement a réajusté dernièrement ses projections après avoir longtemps tablé, à contre-courant des analystes, sur un recul de 2,2% du PIB cette année.

Ce plongeon s’explique avant tout par une contraction du volume d’investissements, a expliqué le vice-ministre. Ceux-ci ont fondu de 16,2% en avril et de 15,8% sur les quatre premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2008.

Le recul de la production industrielle, qui a atteint 16,9% en avril sur un an, a lui aussi pesé, a souligné le Premier ministre Vladimir Poutine cité par Interfax.

Dans ce contexte, le chômage a atteint 7,7 millions de personnes en avril, soit 10,2% de la population active. “Il a cessé de croître ces dernières semaines (..) mais la situation reste inquiétante”, a commenté M. Poutine.

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ésident Dmitri Medvedev en réunion avec des chefs d’entreprise, le 26 mai 2009 à Barvikha (Photo : Natalia Kolesnikova)

Parallèlement, le gouvernement a révisé à la hausse sa prévision de déficit budgétaire pour 2009 à 9% du PIB contre 7-8% évoqués précédemment.

“Si la situation macroéconomique continue à se dégrader, le déficit peut atteindre 9% du PIB”, a déclaré la vice-ministre des Finances, Oxana Serguienko, citée par l’agence Ria Novosti.

Le chef de l’Etat avait préparé lundi le terrain à cette cascade de mauvaises nouvelles, en ne cachant pas que les temps étaient durs et que de “sévères économies” devaient être réalisées en 2010-2012.

Dmitri Medvedev, qui laissait jusqu’ici le sujet au Premier ministre, a “endossé les habits de gérant de la crise”, relevait mardi le quotidien Vedomosti.

“Il a dit clairement que les choses allaient mal. Nous le savions depuis longtemps mais (jusqu’ici) il ne fallait pas le dire publiquement afin de ne pas inquiéter la population”, a commenté un membre de l’appareil gouvernemental dans les colonnes du journal.

Le ministre des Finances, Alexeï Koudrine, a aussi noté lundi qu’il ne fallait pas compter sur un retour rapide aux niveaux de prix du pétrole atteints ces dernières années et qui ont fait les choux gras de la Russie, un des tout premiers exportateurs mondiaux d’hydrocarbures.

L’économie devrait toutefois reprendre des couleurs en juin-juillet, a assuré M. Klepatch. “La chute (du PIB) pourrait s’enrayer en juin et une croissance être observée si l’on tient compte des variations saisonnières”, a-t-il dit, cité par Ria Novosti.

La situation devrait également se détendre dans le secteur bancaire à partir du second semestre 2009, avec une hausse du volume des crédits à la consommation et aux entreprises, a-t-il noté.

L’économie russe, portée ces dernières années par l’envolée des cours des matières premières, a été frappée de plein fouet par la crise et la chute des prix du pétrole, principale source de devises du pays.