ésident des appellations viticoles espagnoles, le 26 mai 2009 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget) |
[26/05/2009 14:49:46] BRUXELLES (AFP) A un mois d’une décision finale de l’UE qui pourrait autoriser la fabrication de vin rosé “coupé” (à partir d’un mélange de vin blanc et de vin rouge), des producteurs de vins français, italiens, espagnols et suisses ont fait front commun mardi à Bruxelles contre le projet.
Les experts des gouvernements de l’UE, réunis au sein d’un comité spécialisé, doivent se prononcer au cours d’un vote le 19 juin (ou possiblement le 26 juin) sur l’adoption de nouvelles pratiques oenologiques, incluant cette autorisation de fabrication du vin rosé par coupage.
Des organisations de viticulteurs français, italiens, espagnols et suisses ont affirmé lors d’une conférence de presse que leur front du refus contre “l’industrialisation du vin” s’était étendu à leurs confrères allemands, portugais, grecs, et hongrois.
L’autorisation de coupage compromettrait “30 ans d’efforts” pour améliorer la qualité du rosé, passant par “des investissements importants”, a jugé le Français Xavier de Volontat, président de l’Association générale de la production viticole (AGPV).
Dans la méthode traditionnelle de la macération, la couleur “rosée” du vin résulte de la durée de contact entre le jus de raisin et la peau des grains de raisin.
Il note que 90% des vins rosés dans le monde sont produits par cette méthode. “La Commission ferait une faute en donnant raison aux 10% qui coupent”, a-t-il argué.
ésident des appellations viticoles espagnoles, le 26 mai 2009 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget) |
“On va passer à un produit cloné, dénaturalisé, qui va tromper les consommateurs”, a souligné l’Espagnol Fernando Prieto Ruiz, président des appellations viticoles espagnoles, réunies au sein de la CECRV.
“On va vers une industrialisation du vin. La prochaine étape sera-t-elle l’introduction de colorants?”, s’est interrogée Claude Bocquet-Thonney, présidente de l’Association suisse des vignerons encaveurs indépendants, qui prévoit que le règlement européen sera transposé en Suisse.
Tous ces producteurs rejettent le compromis avancé par la Commission qui admettrait des étiquetages spécifiques de “vin traditionnel” pour les rosés fabriqués dans les règles de l’art.
Ils tentent actuellement de convaincre leurs gouvernements de mettre leur veto à un projet, qui avait été approuvé dans ses grandes lignes dès l’hiver 2007 par les pays de l’UE.
Fin janvier, un nouveau vote indicatif d’experts de l’UE avait confirmé ce feu vert.
La France tente depuis de revenir sur cette décision. “Nous continuons à essayer de convaincre nos partenaires de la nécessité de maintenir l’interdiction actuelle du coupage et de préserver les méthodes traditionnelles”, a dit lundi soir à Bruxelles le ministre français de l’Agriculture Michel Barnier.
Selon les producteurs, la France, la Grèce et l’Italie devraient voter contre le projet lors du scrutin du mois de juin, ce qui ne suffirait toutefois pas à le remettre en cause.
Ils espèrent encore le ralliement de l’Allemagne, car la filière allemande du vin vient tout juste d’affirmer son opposition à la réforme, mais surtout de l’Espagne, grande productrice de vin rosé qui ne s’est pas prononcée.
“Nous n’allons pas changer notre proposition, nous prévoyons d’aller de l’avant”, a indiqué pour sa part un porte-parole de la Commission européenne, Michael Mann, en précisant que la filière a été informée du projet depuis près de trois ans.