EDF appelé à la rescousse pour construire deux réacteurs nucléaires à Abou Dhabi

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éacteur EPR à Flamanville, le 6 février 2009 (Photo : Michel Euler)

[26/05/2009 16:44:48] PARIS (AFP) EDF a été appelé à la rescousse de la filière nucléaire française mardi, afin de renforcer les chances de succès d’un projet de construction de deux réacteurs nucléaires EPR à Abou Dhabi, jusque-là handicapé par les déboires du chantier de l’EPR finlandais d’Areva.

Après des années de rivalité, l’Etat français a sifflé la fin du match: la filière nucléaire française va retrouver son unité, au moins temporairement.

“EDF sera dans le consortium” composé d’Areva, GDF Suez et Total, a en effet assuré lundi soir l’entourage du chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy.

“A partir du moment où on peut avoir besoin de la technique d’une partie des équipes d’EDF, on les met dans le consortium (…) c’est la France, ça ne se discute pas”, a ajouté la même source.

L’électricien français a confirmé un peu plus tard qu’il allait “apporter son soutien et son expertise au consortium (…) pour renforcer ses chances de réussite”.

Dans le cadre d’une alliance alors inédite, Areva, GDF Suez et Total avaient annoncé en janvier 2008 leur candidature à la construction à Abou Dhabi de ces deux EPR d’une puissance de 1.600 mégawatts chacun.

Les français sont notamment en compétition avec les américains General Electric et Westinghouse. L’appel d’offre doit être conclu d’ici à la fin de l’année.

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éaire français

Le soutien d’EDF à la candidature française était souhaité par les autorités émiraties afin de “donner un poids supplémentaire au consortium”, a indiqué une source proche du dossier.

Le groupe d’électricité, détenu à 85% par l’Etat, a donc dû se mettre dans les rangs. Il ne considère pourtant pas le Moyen-Orient comme une région clé pour son développement, préférant se concentrer sur des pays ayant déjà une expérience du nucléaire civil, tels que le Royaume-Uni et les Etats-Unis, où il a déjà engagé de coûteux investissements.

EDF se retrouve aussi obligé d’enterrer la hache de guerre avec Areva et GDF Suez, avec qui il se dispute le leadership de la filière nucléaire française.

Rivaux de longue date, Areva et EDF pilotent chacun la construction d’un réacteur nucléaire de 3e génération (EPR): le premier en Finlande, et le second en France (à Flamanville, dans la Manche).

Mais le chantier d’Areva a pris plus de trois ans de retard et affiche un surcoût d’au moins 50% par rapport au prix initial (3 milliards d’euros).

En outre, l’allemand Siemens, partenaire d’Areva en Finlande, a annoncé en janvier qu’il rompait son alliance avec le groupe nucléaire français pour rejoindre le russe Rosatom.

Au contraire, EDF n’a pas modifié le calendrier de démarrage de l’EPR de Flamanville, malgré quelques retards rencontrés sur le chantier et un surcoût de 20%.

L’Elysée a d’ailleurs mis en relief les différences d’avancement des deux chantiers pour justifier le concours d’EDF au projet d’Abou Dhabi.

“Celui qui sait construire le coeur de la centrale n’est pas forcément celui qui sait l’assembler, qui n’est pas forcément celui qui sait construire la centrale”, a ainsi estimé le responsable français s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.

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Le logo d’EDF (Photo : Shaun Curry)

EDF, qui exploite le plus grand parc nucléaire au monde (58 réacteurs), devrait donc faire bénéficier le consortium de son expertise de maître d’oeuvre d’un chantier de construction de centrale.

“C’est une aide nécessaire et souhaitée”, a estimé mardi le directeur général du groupe pétrolier Total, Christophe de Margerie.

“Ca ne change rien en ce qui nous concerne”, a pour sa part affirmé la présidente d’Areva, Anne Lauvergeon.

“La demande était que nous ayons tout le retour d’expérience qui aura lieu sur Flamanville, et ça sera le cas avec l’inclusion d’EDF”, a-t-elle poursuivi.