«Ce
jour restera gravé dans les mémoires parce qu’il va donner le coup d’envoi
de la mise à niveau du secteur du transport». «Aujourd’hui est un jour de
noces pour le transport». Tous les intervenants au séminaire sur la mise
à niveau du transport terrestre et maritime, et, en particulier, Mme Hayet
Laouani, présidente de la Fédération du transport de l’UTICA, et M. Hédi
Djilani, président de la Centrale patronale, ont rivalisé de qualificatifs
pour souligner l’importance de cette manifestation qui marque le démarrage
d’une opération tant attendue.
A cette occasion, les entreprises du secteur ont été invitées à s’inscrire
pour figurer parmi les 100 sociétés qui vont faire partie du programme
pilote qui, selon M. Wajdi Khemakhem, chargé de mission auprès du ministre
du Transport et de l’Artisanat, devrait démarrer au plus tard en juillet
prochain avec les opérations de diagnostic stratégique.
Entretemps, le ministère du Transport devra avoir achevé de sélectionner
–par voie d’appel d’offres- le bureau d’études qui sera chargé d’élaborer le
programme de mise à niveau dont l’issue va peser lourdement non seulement
sur l’avenir de ce secteur mais également sur la compétitivité de l’économie
tunisienne, d’une manière générale.
La Tunisie ayant déjà commencé à négocier la libéralisation des services,
notamment avec l’Union européenne, la mise à niveau du transport terrestre
et maritime ne peut plus être retardée. D’autant que le retard accumulé, en
particulier dans ce dernier domaine, est assez important. «Nous avons
progressé en matière de mise à niveau du transport, mais il nous reste du
chemin à faire», observe M. Abderrahim Zouari, ministre du Transport. Le
secteur de la logistique, par exemple, «a une marge de progression de près
de 20%», complète son collègue du Commerce et de l’Artisanat, M. Ridha
Touiti.
Dans l’aérien, la Tunisie est en train de tirer son épingle du jeu. Malgré
la présence de 100 sociétés concurrentes dans notre pays, «les trois
compagnies aériennes tunisiennes ont pu porter leur part dans le trafic
charter de 40 à 60%», souligne M. Salem Miladi, directeur général des
Etudes et de la Planification au ministère du Transport. Bien qu’elles
commencent à porter leurs fruits, les expériences de «libéralisation
progressive» dans le transport urbain et de marchandises doivent encore
s’étendre.
C’est donc dans le maritime que le bas blesse et que le retard est le plus
important. L’ouverture déjà amorcée ne s’est pas accompagnée d’une
renaissance du secteur. Bien au contraire, puisque tous les paramètres sont
en baisse : le nombre d’entreprises –passé de 12 à seulement 3-, le nombre
des navires, la part des opérateurs tunisiens dans le trafic maritime
national, regrette M. Miladi. Qui impute cette situation à plusieurs
facteurs dont en particulier la réticence des entreprises tunisiennes à
travailler avec les transporteurs locaux, et la réticence des banques à
financer l’acquisition de navires. Une situation que les autorités
voudraient changer radicalement, qui comptent encourager notamment
l’investissement, la création de regroupements d’entreprises et
l’installation de transporteurs tunisiens à l’étranger.
Mais pour que la mise à niveau du transport puisse produire l’effet
escompté, ce secteur, à l’instar de l’ensemble de l’économie, doit accomplir
une sorte de révolution culturelle que M. Djilani a appelé de ses vœux.
«Nous avons opté pour la liberté d’entreprendre et de fixer les prix, mais
nous devons savoir que cette liberté s’insère dans un cadre légal que nous
devons respecter», a lancé le président de l’UTICA à l’adresse des siens.
Admettant que ce secteur est le théâtre d’une «concurrence féroce»,
M. Djilani a expliqué que «nous ne pouvons pas nous réfugier derrière le
ministère du Transport et lui demander de ne plus accorder» de nouvelles
autorisations à opérer dans le transport.
Enfin, tout comme ils sont attachés à la liberté d’entreprise, les
opérateurs de ce secteur doivent accepter celle de «faire faillite»,
recommande le patron des patrons.
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