USA : Schwarzenegger affronte l’insoluble déficit budgétaire de la Californie

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épond aux journalistes à Washington le 20 mai 2009 (Photo : Mark Wilson)

[27/05/2009 07:15:16] LOS ANGELES, Etats-Unis (AFP) Quand il tenait la vedette des films d’action hollywoodiens, Arnold Schwarzenegger incarnait des super héros prompts à accomplir des tâches insurmontables: c’est aujourd’hui au déficit budgétaire de l’Etat le plus riche des Etats-Unis qu’il s’attaque.

L’ancien “Monsieur Univers”, élu gouverneur de Californie en 2003 sur un socle de propositions de réforme fiscale, a cependant été arrêté dans son élan pour régler les éternels problèmes budgétaires de l’Etat.

Le dirigeant républicain a essuyé un revers cuisant la semaine dernière, lorsque les électeurs ont rejeté les mesures qu’il leur proposait pour augmenter les impôts, en vue de réduire un déficit qui pourrait atteindre, selon ses propres prévisions, jusqu’à 21 milliards de dollars.

M. Schwarzenegger est en train de découvrir les désirs irréalistes des Californiens, qui veulent payer moins d’impôts alors qu’ils vivent depuis des décennies “au-dessus de leurs moyens”, estime son prédécesseur au poste de gouverneur, Gray Davis.

En réponse à l’échec du référendum, M. Schwarzenegger a averti qu’une nouvelle vague d’austérité serait inévitable pour éviter “un désastre budgétaire”. Alors que la récession économique plombe les revenus de l’Etat, il se prépare à ramener les dépenses californiennes à leur niveau de 1999.

Les mesures drastiques envisagées devraient entraîner le licenciement de 5.000 fonctionnaires et réduire les dépenses d’éducation de 5 milliards de dollars.

Par ailleurs, l’année scolaire sera raccourcie de sept jours par an, tandis que 38.000 détenus jugés non violents verront leur peine commuée pour faciliter leur libération.

Selon les experts, les déboires de M. Schwarzenegger résident en partie dans le recours extrêmement fréquent à des référendums alors que la prise de décision au niveau du pouvoir législatif de l’Etat est devenue très complexe.

En 1978, un mouvement de contestation des politiques fiscales a abouti à l’adoption d’un amendement à la constitution de Californie, selon lequel les augmentations d’impôts ne peuvent être décidées qu’à la majorité des deux tiers du Parlement de l’Etat.

“En raison de cette règle, il est très difficile pour le corps législatif d’arrêter un budget, même en période économique favorable”, explique à l’AFP Floyd Feeney, professeur de droit à l’Université de Californie.

D’après d’autres experts, la volatilité de l’environnement économique en Californie rend également l’Etat très vulnérable à une détérioration de la conjoncture.

“Des déficits budgétaires conséquents sont apparus au début des années 1990, quand l’économie sortait juste de la récession, puis nous avons connu d’énormes excédents budgétaires grâce au développement de la bulle internet”, observe Ethan Rarick, directeur du centre Robert T. Matsui de l’université de Berkeley.

“Quand la bulle internet a éclaté, nous avons replongé dans le rouge. Maintenant que l’économie souffre et que les revenus reculent en-dessous des prévisions, nous affrontons à nouveau des déficits”, poursuit-il, jugeant que le système fiscal, trop volatil, “exacerbe les hauts et bas de l’économie”.

Mark Baldassare, président de l’Institut de politique publique de Californie, estime pour sa part que la dépendance des recettes de l’Etat aux impôts sur le revenu est au coeur du problème.

“Quand l’économie se porte mal, nous n’avons aucun moyen de compenser (le recul des) revenus imposables”, commente-t-il.

Pour M. Rarick, “les électeurs ont une énorme part de responsabilité” dans cette impasse budgétaire: “Non seulement ils profitent de services publics de haute qualité sans payer les impôts équivalents, mais ils ont même créé un système où gouverneur et législateurs ont les mains liées” en matière fiscale.